Particuliers et entreprises utilisent communément des systèmes d’alarme pour protéger leurs biens. Mais depuis plusieurs années, une pratique met à mal l’efficacité de ces dispositifs : les brouilleurs d’ondes. Leur utilisation s’est répandue chez les cambrioleurs. Capables de mettre les alarmes KO en quelques secondes, bon marché, simples à utiliser mais illégaux et redoutablement efficaces, les brouilleurs sont devenus la hantise des détenteurs d’alarmes, et notamment des entreprises. Explications.

Selon un récent bilan statistique publié par le ministère de l’Intérieur, en 2023, les forces de l’ordre, police et gendarmerie, ont enregistré 217 600 plaintes pour cambriolage. Soit une augmentation de 3 % par rapport à 2022. Une croissance a priori maîtrisée, mais qui n’apparaît que comme un trompe l’œil lorsqu’on la met en perspective avec une autre donnée. En effet, les taux d’élucidation n’excèdent généralement pas 10 % au bout d’un an d’enquête pour cette typologie d’infraction. Pour 2022, ce chiffre n’était que de 7 %. 

Les auteurs de vols dans les maisons, appartements, entreprises, magasins, sont de plus en plus structurés, organisés et redoublent d’ingéniosité pour commettre leurs méfaits. Pire, la technologie vient désormais leur donner « un coup de pouce »… En effet, depuis plusieurs années, les autorités voient se développer une tendance : l’utilisation de brouilleurs d’ondes pour neutraliser les systèmes d’alarme. 

Brouilleurs d’ondes, comment ça marche ?

Un boîtier à peine plus volumineux qu’un téléphone portable. Voilà à quoi ressemble un brouilleur d’ondes. Une taille minimale pour un maximum de dommages. En effet, les brouilleurs d’ondes émettent des signaux radiofréquences perturbateurs et sont capables d’empêcher les transmissions sur plusieurs bandes de fréquences. Réseaux 3G, 4G, 5G, dispositifs GPS mais surtout systèmes opérant pour l’accès au Wi-Fi en font les frais. Et c’est là que le bât blesse, puisque de nombreux systèmes d’alarme fonctionnent avec l’internet sans fil. Les cambrioleurs n’ont donc qu’à positionner le boîtier à proximité pour rendre toutes les communications inopérantes. Les alarmes vont alors cesser de capter les ondes Wi-Fi indispensables à leur bon fonctionnement. La conséquence ? Elles ne jouent plus leur rôle puisque le brouilleur empêche le détecteur de mouvements (qui décèle l’intrusion des cambrioleurs) de communiquer avec la centrale censée déclencher l’alerte. Résultat : l’alarme est paralysée, les cambrioleurs peuvent commettre leur forfait en toute tranquillité. 

La recrudescence de ce type d’équipements constitue un véritable risque pour les logements comme pour la sécurité des entreprises

Des équipements interdits en France… sauf exceptions

Mais pourquoi les brouilleurs d’ondes sont-ils si prisés des cambrioleurs ? Tout simplement parce que se les procurer est un véritable jeu d’enfant. Ils sont disponibles en ligne, sont peu coûteux (quelques centaines d’euros au maximum) et faciles à utiliser. 

En revanche, ils sont totalement interdits en France depuis 2012. Un utilisateur de brouilleur d’ondes s’expose à une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison et 30 000 euros d’amende (en application de l’article L.39-1 du Code des Postes et des Communications Électroniques). Seuls certains services de l’État sont autorisés à les utiliser. L’administration pénitentiaire par exemple, qui s’en sert pour gêner les détenteurs de téléphones mobiles dans les prisons. D’autres services en font l’usage pour des besoins liés à l’ordre public, à la défense nationale et à la sécurité intérieure. 

Seuls certains services de l’État sont autorisés à utiliser des brouilleurs d’ondes :  l’administration pénitentiaire et plusieurs services pour des besoins liés à l’ordre public, la défense nationale et à la sécurité intérieure.

La traque complexe des brouilleurs d’ondes

L’Agence nationale des Fréquences est un établissement public créé en 1996 avec pour mission d’assurer la planification, la gestion et le contrôle de l’utilisation du domaine public des fréquences radioélectriques en France. L’une de ses missions est de traquer les brouilleurs d’onde, le plus souvent fixes, qui pour certains perturbent l’activité de l’aviation civile ou la bonne réception des téléphones mobiles, etc. 

Or, leur utilisation lors des cambriolages est particulièrement difficile à combattre. Par définition, les malfrats sont volatiles, agissent rapidement avant de disparaître dans la nature avec leur boîtier. Impossible à tracer.

La parade anti-brouilleurs d’ondes s’organise

Pour tenter de juguler ce phénomène inquiétant, les constructeurs de systèmes d’alarmes tentent de trouver la parade en développant des solutions innovantes. Ainsi, certains fabricants commercialisent désormais des dispositifs d’alarme capables de détecter et d’alerter en temps réel une perte de signal de l’alarme et de déceler une tentative de brouillage. 

Les systèmes d’alarme les plus récents sont également dotés de techniques de cryptage avancées qui sécurisent mieux les transmissions sans fil afin de contrecarrer les dispositifs de piratage des ondes. 

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