Le coup d’envoi des Olympiades françaises sera donné le 26 juillet 2024 pour 17 journées de compétition. Alors que le monde entier aura les yeux rivés sur les exploits des athlètes, l’enjeu des JO de Paris n’est pas uniquement sportif. Depuis des mois, le sujet de la sécurité cristallise attentes et inquiétudes. Au moment où les autorités, les forces de l’ordre et le secteur de la sécurité privée entament la dernière ligne droite, y voit-on plus clair sur les principaux défis sécuritaires associés aux Jeux ?

Agents de sécurité privée : le compte n’y est pas encore

C’est l’une des grosses incertitudes des Jeux olympiques de Paris. Le secteur de la sécurité privée sera-t-il au rendez-vous ? Les besoins sont énormes, dans un contexte où la profession est en perte d’attractivité depuis plusieurs années. Pour les Olympiades françaises, jusqu’à 22 000 agents de sécurité privée seront nécessaires. 

Les pouvoirs publics ont eu beau multiplier les initiatives pour attirer les talents, à un an de l’événement, le compte n’y est pas encore. Les dernières informations disponibles qui datent d’avril (à la suite d’une réunion du Comité d’organisation des JO et de certains membres de la sécurité privée) font état d’un objectif atteint à 25 %. 

Dans un rapport de la Cour des comptes relatif au budget de l’événement, dont le journal le Monde s’est fait l’écho le 4 juin, l’inquiétude est de mise. Pour ses auteurs, il est même nécessaire désormais d’ « anticiper le recours probable aux forces de sécurité intérieure et aux armées pour pallier ce déficit ». Et ce, au plus tard en… octobre prochain. Préoccupant. Les pouvoirs publics pourraient donc être contraints de puiser dans les effectifs des armées, mais également mobiliser massivement la réserve opérationnelle de la police et de la gendarmerie.

Cérémonie d’ouverture sur la Seine : l’autre défi sécuritaire

La cérémonie d’ouverture des JO de Paris véhicule bon nombre de craintes. Il s’agit d’une grande parade fluviale des athlètes sur la Seine (sur 6 kilomètres). Une configuration inédite dans l’histoire de l’événement. Assurer la sécurité des berges, du fleuve lui-même, des airs, du public, des athlètes, des chefs d’État et de gouvernements du monde entier… le défi est effectivement de taille XXL.

Le 23 mai, la signature d’un protocole qui définit les rôles de l’État, de la Ville de Paris et des membres de l’organisation des Jeux lors de cette cérémonie fut l’occasion de détailler le dispositif de sécurité retenu pour le 26 juillet 2024. La cérémonie d’ouverture devrait mobiliser, à elle seule, près 35 000 forces de sécurité intérieure (policiers et de la gendarmerie). « Sans précédent dans l’histoire des forces de l’ordre », selon Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. En outre, un périmètre antiterroriste sera établi. La Ville de Paris mettra à disposition 2 000 fonctionnaires de police municipale. Entre 2 000 et 3 000 agents de sécurité privée devraient également prendre part à la cérémonie d’ouverture.

La question du nombre de spectateurs autorisés à se positionner gratuitement le long des berges n’est, en revanche, pas encore tranchée. L’ambition initiale était d’en réunir 600 000. Ce chiffre pourrait être ramené à 500 000, voire à 400 000. Les gens qui y prendront part devront s’inscrire à l’avance et pourraient, selon le ministère de l’Intérieur, faire l’objet d’un « criblage ». C’est-à-dire d’une enquête administrative.

35 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour la cérémonie d’ouverture sur la Seine le 26 juillet 2024

30 000 forces de l’ordre mobilisées chaque jour en moyenne

Les Jeux olympiques vont drainer 10 500 athlètes, 31 500 volontaires, 26 000 journalistes avec une accréditation, 15 millions de spectateurs… Mais Paris 2024, ce sont également 40 sites à sécuriser (stades, village olympique, enceintes sportives, sites nautiques, etc.) dont la moitié se trouve en Île-de-France (à Paris et en Seine-Saint-Denis). L’autre moitié des sites, elle, se situe dans vingt-deux villes réparties sur tout le territoire et en outre-mer.

Pour faire face, le ministère de l’Intérieur prévoit de mobiliser quotidiennement en moyenne 30 000 forces de sécurité (issues de la police et de la gendarmerie). Cependant, en Ile-de-France, le chiffre pourrait osciller chaque jour entre 12 000 et 45 000 personnels des forces de l’ordre selon les besoins.

Caméras en plus et intelligence artificielle mais sans reconnaissance faciale

Les autorités françaises entendent mettre les moyens sur la vidéoprotection et les technologies intelligentes pour compléter les dispositifs humains consacrés à la sécurité de l’événement. Ainsi, d’ici les Jeux, Paris devrait être dotée de 400 caméras supplémentaires. Saint-Denis et trois communes de Seine-Saint-Denis en obtiendront 500. 

À cela devraient s’ajouter diverses solutions rendues possibles avec la loi olympique définitivement promulguée le 19 mai 2023. Cette dernière autorise l’expérimentation de la vidéosurveillance intelligente, c’est-à-dire le recours aux caméras augmentées, capables de détecter en temps réel des événements prédéterminés grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle. Il peut s’agir de mouvements de foules, d’un bagage abandonné ou de comportements suspects dans des lieux accueillant des manifestations, à leurs abords et dans les transports en commun.

Par ailleurs, la loi rend possible le recours à des scanners corporels à l’entrée des stades et des autres enceintes sportives accueillant plus de 300 personnes. Une technique déjà utilisée dans les aéroports. Leur objectif : fluidifier les contrôles et éviter des goulots d’étranglement. Les personnes devront donner leur accord exprès, avant d’être scannées. 

Selon le ministère de l’Intérieur, ces scanners ont la capacité de multiplier par quatre les flux de contrôle, avec 800 personnes par heure contre  200 avec la palpation traditionnelle. 

Si la loi olympique a donné un cadre réglementaire à l’usage des scanners et à l’IA, rien n’indique pour l’heure qu’ils feront effectivement leur apparition. En partie parce qu’ils sont particulièrement coûteux. Ainsi, dans un article du Monde daté du 15 avril, Thomas Collomb, directeur délégué à la sécurité au sein du Comité d’organisation des jeux (Cojop), indiquait que leur utilisation n’était pas encore actée. « Cela fait partie des hypothèses », déclarait-il.

Un temps envisagé dans le cadre des JO, le recours à la reconnaissance faciale reste interdit en France.

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