Ouragans, tempêtes, inondations… la fréquence et l’intensité des catastrophes liées au dérèglement climatique ne cessent d’augmenter. Mais les entreprises sont-elles prêtes à affronter ces risques pour leurs équipes et leurs installations ?

10 400 milliards de yens (82 milliards d’euros) de dégâts sur des maisons, des entrepôts industriels, des commerces et des bureaux. C’est le bilan désastreux du tsunami de 2011 au Japon. Au-delà de la tristement célèbre centrale de Fukushima et de l’électricien TEPCO, ce sont ainsi des milliers d’entreprises qui ont été touchées directement par la catastrophe, avec des collaborateurs et collaboratrices au nombre des victimes, et des locaux ravagés. Si cette catastrophe n’est pas directement liée au dérèglement climatique, elle illustre dramatiquement le type d’événements qui risquent de se multiplier dans les années à venir.

Par exemple, en France, selon le Commissariat général au développement durable, la fréquence des événements très graves (au moins 10 morts ou plus de 30 millions d’euros de dégâts) a été multipliée par 4 depuis 1997 par rapport aux décennies précédentes. Autant de catastrophes directement liées au dérèglement climatique. Selon le ministère de la Transition écologique, sur les 180 événements naturels graves recensés entre 1990 et 2017 en France, 90 % ont été causés par le changement climatique. Inondations, incendies, ouragans, tempêtes extrêmes… ces risques peuvent prendre plusieurs formes. Et, quelle que soit leur forme, ils concernent directement les entreprises, leurs équipes, leurs installations, leur supply chain, etc.

Les entreprises déjà en première ligne face aux catastrophes climatiques

L’assureur Willis Tower Watson a ainsi interrogé les entreprises de toute l’Europe pour évaluer leur perception de ces risques. Parmi ces entreprises, 45 % déclarent avoir déjà subi des pertes financières liées aux événements climatiques dans les trois dernières années. Parmi les principaux phénomènes ayant fait subir des pertes aux entreprises : les précipitations et la grêle, les vents violents, les changements de températures, etc. Une réalité déjà soulignée par l’enquête Global Risks issue du sommet de Davos de 2013 : “Les températures pourraient augmenter de 4 degrés d’ici 2060. Cela aurait des conséquences désastreuses, notamment des cyclones tropicaux plus fréquents, une augmentation des épisodes de sécheresse intense, et des inondations des zones côtières. Ces effets entraîneront non seulement de lourdes pertes économiques, mais aussi des déplacements massifs de populations, une augmentation de l’insécurité alimentaire, et une aggravation des problèmes d’accès à l’eau.” C’est dit : les risques climatiques auront aussi des conséquences en matière de sûreté, pour les États comme pour les entreprises.

La supply chain, maillon faible des risques climatiques

En première ligne de ces risques pour bon nombre d’organisations : les supply chains. L’experte du cabinet McKinsey, Kweilin Ellingrud, prévient dans les colonnes du magazine Forbes : “Les entreprises optimisent généralement leur chaîne logistique pour améliorer leur efficacité (transporter les biens plus vite et moins cher), au détriment de leur résilience (construire des alternatives en cas d’interruption)”. Une vulnérabilité mise en évidence par la crise du Covid-19 selon la spécialiste de McKinsey. “Durant les premiers mois de la crise, de nombreuses chaînes d’approvisionnement ont été ralenties au niveau mondial. Cela montre à quel point ces supply chains sont peu résilientes, notamment pour le secteur automobile et celui des biens électroniques. Par exemple, s’il devait faire face à un ouragan d’importance, le marché des semiconducteurs serait bloqué pendant des mois, selon nos analyses. Or, selon les scientifiques, la probabilité qu’un tel événement survienne va doubler, voire quadrupler d’ici 2040 !”.

La gestion des risques à l’heure du changement climatique

Mais comment anticiper de tels risques, qui portent autant sur la sécurité que sur la sûreté ? Selon les analystes de Marsh & McLennan Companies, “Les entreprises doivent s’inspirer des dernières techniques de modélisation pour comprendre leurs points de vulnérabilité face au risque climatique.” En somme, se faire accompagner d’experts et expertes en gestion des risques, pour anticiper d’ores et déjà les dangers sur les personnes et les installations. Grâce à ces analyses, les entreprises peuvent préparer leur organisation : modifier leur supply chain, déplacer des centres logistiques ou des bureaux, etc. Exemple aux États-Unis où les risques d’inondation sont considérables, selon les analyses de la fondation First Street. En cause ? La montée des eaux, ainsi que l’augmentation des fortes précipitations et ouragans, toutes dues au réchauffement climatique. La fondation a ainsi mis à disposition plusieurs cartes interactives et modèles pour identifier précisément les zones à risque. De quoi aider les entreprises à évaluer le danger de leurs installations dans le pays.

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