La cybersécurité recrute enfin. Les cyberattaques ayant coûté plus de mille milliards de dollars à l’économie mondiale en 2020, ce secteur a plus que jamais besoin de renforts. Et il embauche massivement ! Plus de 15 000 postes sont actuellement à pourvoir dans l’Hexagone. Offre d’emplois reboostée, statuts et salaires attractifs, découvrez pourquoi la cybersécurité est en pleine expansion. 

Un besoin technologique et humain croissant

Après avoir bataillé contre de nombreuses menaces depuis 2020, les responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) ne font plus le poids. Face à des tentatives de cyberattaques toujours plus perfectionnées, ils ont aujourd’hui besoin d’aide. La numérisation des outils organisationnels, et le grand nombre de données échangées via les réseaux de partages d’informations (cloud, Google Drive…) sont notamment les grands responsables de cette vulnérabilité. 

Une fragilité qui s’est traduite par une augmentation de 42 % des attaques cybercriminelles entre 2021 et 2022 dans le monde. La France n’est pas en reste : en 2021, plus d’une entreprise sur deux a été victime de cyberattaques sur le territoire. L’urgence est donc de taille, d’autant plus que les attaques ne sont pas sans conséquences. L’insuffisance des investissements dans la cybersécurité laisse des failles béantes dans la plupart des systèmes informatiques.

La cyber assurance Stoick estime à 50 000 euros le coût médian d’une cyberattaque, impactant alors directement le chiffre d’affaires, et la stabilité des entreprises touchées.

C’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée face à des hackers de plus en plus nombreux et astucieux. Mais la réaction lancée par les entreprises françaises est freinée par la pénurie de ressources humaines qualifiées en cyberprotection. Le secteur souffre en effet d’une image poussiéreuse, dont les aspects les plus caricaturaux perdurent. Bien qu’elle soit erronée, l’image de l’informaticien ou de l’informaticienne devant ses lignes de codes, sans aucun contact avec le monde extérieur, reste persistante.

 Il est temps à présent de faire face à l’urgence de recrutement dans le secteur. Différents protagonistes s’activent pour dynamiser le marché du travail de la cybersécurité, en dépit des étiquettes négatives qu’on lui attribue. Acteurs privés comme publics sont de la partie. D’un côté, le gouvernement français a injecté un milliard d’euros depuis février 2021, prévoyant de doubler les effectifs de la filière d’ici 2025. De l’autre, les entreprises privées sont, elles aussi, à la recherche de nouveaux talents : Microsoft France a par exemple créé sa propre école cyber, visant à former 10 000 professionnelles et professionnels d’ici deux petites années.

Un secteur avantageux en tous points

À commencer par le large volume d’offres d’emploi sur le marché : en 5 ans, le nombre de postes non pourvus a presque doublé. On estime ainsi à 350 000 le nombre de postes ouverts en Europe, et jusqu’à 3,5 millions dans le monde.

Une croissance exponentielle de postes, qui s’accompagne d’une diversité des qualifications et spécialités recherchées par le secteur. Les métiers méconnus de consultant cyber, cryptologue, pentester ou hacker éthique ont désormais le vent en poupe. Et les « geeks » n’ont plus le monopole de l’attention des entreprises. Elles s’intéressent désormais à des profils complets, conjuguant par exemple des compétences en droit et en mathématiques. 

Ce large éventail d’emplois va de pair avec des salaires très attractifs, allant de 40 000 euros par an, pour les nouveaux arrivants sur le marché, jusqu’au double pour ceux et celles ayant accumulé plusieurs années d’expérience.  En France, la rémunération des spécialistes en cybersécurité serait 2,6 fois plus élevée que la moyenne des emplois des pays de l’OCDE. 

Cerise sur le gâteau, les perspectives de carrière des « cyberspécialistes » sont radieuses. Pour suivre le rythme effréné de l’innovation dans le monde du numérique, les entreprises n’ont plus seulement besoin de simples techniciens, mais d’expertes et d’experts scientifiques pointus, ou encore de cadres capables de sensibiliser les employés à la culture du risque cyber. 

Malgré cette dynamique, la demande reste encore timide. Alors, comment la stimuler ?

Comment attirer vers ces nouveaux métiers ?

Certains stéréotypes sont tenaces. Notamment chez les jeunes, qui ne pensent pas spontanément à ces métiers pourtant prometteurs. Dans son enquête 2022, l’Observatoire des métiers de la cybersécurité montre que trois représentations restent dominantes dans la société : 

  • Métiers réservés aux hommes,
  • Exercés par des personnes hautement qualifiées,
  • Destinés à des adultes en reconversion professionnelle. 

La lutte contre ces idées reçues pourrait bien venir de l’offre de formations, qui connaît aujourd’hui un essor remarquable. Hier réservées à une élite scientifique issue des rangs des grandes écoles d’ingénieurs, les études de la cyberprotection se démocratisent !

En proposant des cursus innovants et hybrides, de nouvelles écoles apparaissent dans le paysage. Du Bac +1 au Bac +5, on peut désormais suivre des études supérieures en cyberprotection, dans des écoles privées (Cyber management school, Cyber University), mais aussi dans des universités publiques (Cyberschool à l’université de Rennes). De quoi attirer un public jeune et divers. 

La faible féminisation du secteur est aussi un point en quête d’amélioration. Le problème culturel persiste, puisque que les femmes ne représentent que 11 % des effectifs du domaine. La cybersécurité ne requiert pas de compétences innées qui seraient d’abord masculines. Dans les années 1960, les femmes étaient même les pionnières de la recherche en informatique. Pour Caroline Hervochon, directrice de la communication de la cyberschool de Rennes, les progrès sont déjà là  : « Il est important de démystifier le métier, et d’encourager les étudiantes à postuler. Nous recrutons des profils issus de l’informatique, où les filles sont moins présentes, mais aussi provenant des mathématiques, où nous retrouvons notre plus grand vivier d’étudiantes. »

Un écosystème dynamique, qui pourrait bien stimuler de nouvelles vocations, et contribuer à désamorcer tous les préjugés sur la cybersécurité : des métiers aux multiples facettes, des jobs qui ne sont pas réservés aux hommes, des salaires ultra-attractifs, et des enjeux de sécurité nationale ! De quoi attirer les jeunes talents cyber.

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