Depuis 2017, la Fédération Française de la Sécurité Privée (FFSP) oeuvre à une meilleure intégration de la sécurité privée au sein de la politique globale de sécurité. À l’occasion des deux ans de la Fédération, Rendre Notre Monde + Sûr est allé à la rencontre de Claude Tarlet, son Président. 

Partant de l’adage “unis on est plus forts”, les membres de l’Alliance Nationale des Activités Privées de Sécurité (ANAPS) ont fait le choix, en 2017, de transformer leur alliance en fédération. C’est ainsi qu’est née la Fédération Française de la Sécurité Privée (FFSP) le 3 septembre 2017, soit – à l’heure de la publication de cet article – il y a deux ans jour pour jour. Véritable maison commune de la sécurité privée, la FFSP entend oeuvrer à une meilleure reconnaissance des activités de la sécurité privée et à une meilleure prise en compte de celles-ci dans la politique globale de sécurité. A l’occasion des deux ans de la Fédération, Claude Tarlet, son Président, nous livre son éclairage sur l’importance de construire un secteur de la sécurité privée reconnu, unifié et fort.

  • Pouvez-vous nous rappeler la raison d’être de la FFSP ?

La FFSP a été créée avec l’ambition de fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème de la sécurité privée. Elle regroupe ainsi tous les métiers, existants, émergents ou futurs, qui jouent un rôle dans les solutions de sécurité proposées par des entreprises. Cela inclut notamment, au-delà des activités traditionnelles surveillance humaine, sûreté portuaire et aéroportuaire, télésurveillance, transport de valeurs, protection rapprochée, agences de renseignement, formation  , le monde du conseil, des technologies innovantes, de la cybersécurité ou encore de l’intelligence artificielle.

La FSSP s’est donnée pour mission d’être un organe de dialogue et de cohésion entre les organisations patronales qui la compose mais aussi de constituer un pont entre tous les acteurs de la sécurité privée exerçant une activité réglementée ou non. 

En tant que Président de la FFSP, mon rôle est donc principalement politique. Il consiste à rassembler des organisations et des personnalités autour d’un projet commun : celui de faire vivre une économie forte de la sécurité privée. Cela demande de la conviction, de l’énergie et de la passion !

  • Quelles sont les actions qui ont été menées depuis la création de la FFSP et quelles sont vos ambitions pour la suite ?

La Fédération a su répondre à un besoin crucial : celui de rassembler les organisations de diverses activités qui ont tendance à vivre en silos. A chacun de nos événements publics, des centaines de personnes se rassemblent pour peser sur la vie économique du pays. De cette union est née un véritable sentiment collectif, permettant aux membres qui la compose de structurer leur action.
Chaque jour, je reçois de nombreux signes de confiance des acteurs de notre filière. La Fédération porte un message d’innovation et une ambition collective, qui rencontrent un écho très favorable chez celles et ceux qui aspirent à construire la sécurité privée de demain.
Au cours des trois prochaines années, j’ai l’ambition d’aller beaucoup plus loin. Il est temps de produire un travail collectif de fond sur la sécurité privée, de favoriser l’attractivité des métiers, de communiquer plus largement mais surtout de favoriser une fertilisation des savoir-faire au sein de la filière sécurité privée, pour développer des offres innovantes, efficaces, rentables et conformes à nos valeurs. 

La sécurité privée doit également prendre une part active dans le dispositif de sécurité intérieure du pays. Nous devons être une force de proposition crédible dans nos relations avec l’État, et notamment, avec le Ministère de l’intérieur.

  • Quels sont selon vous les prochains défis de la sécurité privée, les messages que la FSSP portent haut ?

Notre secteur a, à mon sens, trois défis de taille à relever.

D’abord, une sécurité efficace a un prix. Il nous paraît avant tout essentiel de bâtir une relation équitable entre les acheteurs et les entreprises. Or, la concurrence folle entre les acteurs du marché dégrade de manière dangereuse le niveau de rentabilité des entreprises et fragilise à long terme leur capacité opérationnelle. Cela devient d’ailleurs un véritable risque pour les acheteurs qui mettent en péril leur propre sécurité. Prenons l’exemple de l’incendie de la Cathédrale Notre-Dame à Paris. La réduction des effectifs, avec un seul agent incendie présent sur place, a fragilisé la capacité d’alerte et d’intervention des secours. Il est donc crucial de participer à la prise de conscience de la valeur ajoutée des solutions de sécurité. Nous devons être capable d’expliquer l’intérêt d’investir dans la sécurité privée et de démontrer l’efficacité de nos solutions.

Un autre sujet qui me tient à coeur : la mise en valeur de l’entreprise patrimoniale et des territoires. Certains discours appellent à une concentration forte du secteur entre les mains d’une poignée de grands acteurs, comptant des dizaines de milliers de salariés. Cela serait absolument dramatique, car l’innovation et l’excellence du service sont au cœur des valeurs des PME et des ETI patrimoniales. C’est ce tissu formé par des centaines d’entreprises moyennes et de taille intermédiaire qui porte dans les territoires, la noblesse et les valeurs de nos métiers. 

Enfin, la sécurité privée doit également prendre une part active dans le dispositif de sécurité intérieure du pays. Nous devons être une force de proposition crédible dans nos relations avec l’État, et notamment, avec le Ministère de l’intérieur. Pour cela, il est essentiel de mettre en place des régulations adéquates et adaptées au monde de l’entreprise aussi bien pour le champ réglementé — comme celui des ressources —, que pour le champ non réglementé par le Code de la sécurité intérieure. Ce dernier comprend notamment les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle, créatrices de valeur et moteurs de croissance. Le continuum de sécurité que les ministres de l’Intérieur successifs ont appelé de leurs vœux ne peut se construire sans un véritable débat de fond sur l’équilibre économique des entreprises dans le nouveau cadre qui se dessine, à savoir celui de la complémentarité avec la puissance publique. La Fédération Française de la Sécurité Privée doit être au cœur de ce débat de société, porteuse de l’intérêt des entreprises attachées à la qualité.

 

Lire aussi

« La cybersécurité n’est pas un métier d’homme »

Métiers & Formations
6 février 2024

Pourquoi si peu de femmes dans la cybersécurité ? Pour tenter de remédier au manque d’attractivité structurel de cette filière pour les talents féminins, Nacira Salvan, docteure en informatique, a fondé en 2016 le Cercle des femmes de la cybersécurité. Selon elle, les idées reçues ont encore la vie dure, dans…

Formation à la sécurité incendie : quelles obligations pour les entreprises ?

Métiers & Formations
31 octobre 2023

Les incendies ne font pas de distinction, et peuvent survenir partout, quel que soit le lieu. Y compris dans les bureaux d’une entreprise, une usine de production, un commerce de détail, ou encore un entrepôt. La priorité est bien entendu la préservation de l’intégrité des membres du personnel. Mais la…