L’été 2022 a été le plus dévastateur que la France ait connu sur le front des feux de forêt. Les autorités veulent maintenant mieux se parer pour faire face à la saison 2023. Elles déploieront des moyens aériens revus à la hausse, et des effectifs supplémentaires sur le terrain. Une météo des forêts est également lancée pour mieux informer des risques.

Les autorités françaises veulent à tout prix éviter le scénario catastrophe de l’été 2022. Des incendies monstres en Gironde et dans les Bouches-du-Rhône, mais également des sinistres à déplorer en Corse, dans les Landes, en Bretagne, dans la Drôme, en Aveyron, dans l’Isère… Le triste bilan de cette année record s’élève à 72 000 hectares brûlés, pour près de 20 000 feux de forêt. C’est deux fois plus qu’en 2021.

Surtout, ce bilan de 2022 est sept fois plus important que la moyenne des quinze dernières années en France. De quoi pousser les autorités à renforcer sans délai les moyens d’action. D’autant que la sécheresse atteint des niveaux préoccupants. 

Des moyens aériens inédits pour agir le plus rapidement possible

La France a une stratégie bien précise en matière de lutte contre les feux de forêt. En période de risque élevé, l’objectif est de traiter le plus massivement et le plus rapidement possible un feu naissant. Et ce, dans les dix minutes suivant sa détection. 

Le dispositif de lutte contre les feux de forêt 2023 prévoit 500 pompiers et 9 aéronefs supplémentaires

Une partie de la solution passe donc par un appui aérien important en complément des sapeurs-pompiers déployés au sol. En particulier, lorsque le foyer se situe dans des endroits escarpés et difficiles d’accès. Dans cette logique, le ministère de l’Intérieur a annoncé, le 11 avril dernier, un renforcement du dispositif aérien pour l’été 2023. Il s’agit de 9 avions et hélicoptères supplémentaires : 2 avions Dash, qui larguent des produits retardant la propagation du feu ; 3 hélicoptères bombardiers d’eau ; et 4 Air Tractor, de plus petits avions également consacrés au largage d’eau. 

Au total, 35 aéronefs bombardiers d’eau et 3 aéronefs de reconnaissance seront disponibles chaque jour pour protéger les massifs forestiers français.

Autre changement dans les airs : la répartition des moyens aériens se fera désormais en un seul point pour tout le territoire français en fonction des besoins. Et ce, depuis un centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC), actif à partir du 1er juin sur la base de la sécurité civile de Nîmes-Garons dans le Gard.

Des sapeurs-pompiers supplémentaires sur le terrain

Pour l’été 2023, jusqu’à 10 000 sapeurs-pompiers seront mobilisables, soit 500 de plus que l’an dernier. Un accroissement des effectifs qui passe notamment par des moyens supplémentaires alloués aux colonnes de renfort. Leur nombre passe de 44 à 51. 

Concrètement, elles sont chacune composées d’un véhicule de commandement et de soutien et de trois groupes d’intervention feux de forêt (GIFF) représentant 70 sapeurs-pompiers. 

Depuis de nombreuses années, dans le Sud-Est, ces renforts systématiques sont pré-positionnés. Cela sera désormais le cas dans toutes les zones jugées à risque.

Une météo des forêts pour mieux prévenir le risque

L’immense majorité des feux de forêt ont une origine humaine. La sensibilisation de la population fait donc logiquement partie de l’équation pour tenter de renforcer la sécurité des massifs. C’est inédit : une météo quotidienne des forêts a été lancée le 1er juin, et devrait être effective au moins jusqu’en octobre. 

Le principe : Météo France publie chaque jour une carte de France. Pour chaque département, une couleur est associée au niveau de risque. Un code couleur allant du vert (faible) au rouge (très élevé), en passant par le jaune (modéré) et le orange (élevé). Les prévisionnistes réalisent cette cartographie à partir des données pluviométriques, mais aussi du taux d’humidité de l’air, de la température, de la force du vent, et de l’état de sécheresse de la végétation. 

Objectif : informer les particuliers sur des mesures de précaution à prendre lorsqu’ils se baladent dans les massifs forestiers. L’outil vise également à faire mieux comprendre les fermetures appliquées à certains massifs, lorsque le risque incendie est trop important pour autoriser une présence humaine.

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