Depuis le 21 juin 2022, les personnes se trouvant dans le périmètre immédiat d’un événement grave peuvent être alertées directement sur leur smartphone. Avec FR-Alert, nul besoin d’avoir préalablement téléchargé une application pour être informé d’une situation de crise et recevoir des indications sur la conduite à tenir. RNM+S vous explique comment fonctionne FR-Alert.

Peut-être vous souvenez-vous de SAIP. Le système d’alerte et d’information des populations a été définitivement abandonné en 2018 par la France. En cause : plusieurs ratés retentissants qui ont sonné le glas de l’application. Lancé à l’été 2016, l’outil avait été conçu après la vague d’attentats de 2015 afin d’informer les populations d’un danger dans un périmètre géographique donné. Mais il fut pointé du doigt à de multiples reprises. Deux heures avaient par exemple été nécessaires pour informer les citoyens de l’attaque terroriste en cours sur la promenade des Anglais, le 14 juillet 2016 à Nice. D’autres attaques n’avaient ensuite fait l’objet d’aucune alerte. L’État a revu sa copie, poussé en cela par une directive européenne de décembre 2018. Laquelle enjoint aux États membres de se doter d’un système d’alerte pour smartphone.

Oublié donc SAIP, bienvenue à FR-Alert ! Ce nouveau dispositif développé par le ministère de l’Intérieur est opérationnel depuis le 21 juin 2022 et fonctionne totalement différemment de son prédécesseur.

Avec FR-Alert, inutile de télécharger une application

Le fonctionnement de FR-Alert s’appuie sur la technique dite de « cell broadcast », la diffusion cellulaire. Et cela change tout ! Elle ne repose pas sur l’envoi de messages à des numéros ciblés, mais à tous les téléphones situés dans une zone géographique définie. Sans que les utilisateurs aient téléchargé une quelconque application. Ainsi, seules les personnes directement concernées (résidents, personnes de passage, touristes présents dans le secteur où se situe la menace) recevront l’alerte.

Les notifications d’alerte délivrées par signal sonore et vibration seront reçues même si le mobile 4G et 5G est en mode silencieux

Les autorités ont donc travaillé avec les opérateurs de téléphonie mobile pour construire un parcours d’alerte en 4 étapes : 

  • La rédaction du message par l’autorité compétente (généralement la préfecture),
  • La diffusion de l’alerte aux opérateurs de téléphonie mobile,
  • La transmission de l’alerte aux antennes du réseau couvrant la zone de danger,
  • La réception d’une notification d’alerte sur les téléphones portables des personnes se trouvant dans la zone de danger. 

Pour recevoir une alerte, il convient cependant d’être doté d’un smartphone 4G ou 5G. Les téléphones d’ancienne génération (2G et 3G) devraient être concernés dans quelques mois. 

La notification est envoyée sous forme d’un signal sonore associé à une vibration. Et ce, même si le téléphone est en mode silencieux. En revanche, FR-Alert ne peut pas atteindre les smartphones placés en mode avion ou éteints. 

Des informations sur l’événement et la conduite à tenir

Les messages d’alerte seront rédigés de manière à délivrer aux destinataires une information concise, claire et compréhensible rapidement, y compris en situation de stress. Les messages types ont d’ailleurs été élaborés en collaboration avec des spécialistes en sciences comportementales de l’Université d’Avignon. 

Les messages FR-Alert sont ainsi structurés pour indiquer : l’autorité émettrice de l’alerte, la nature de l’incident, sa localisation, la conduite à tenir (rester chez soi, évacuer la zone…). D’autres messages peuvent aborder l’évolution de la situation et informer de la fin de l’incident. Et parfois figurera un lien vers un site officiel délivrant davantage d’éléments.

Mais pour quels incidents majeurs le recours à FR-Alert pourra-t-il être décidé ?

  • Événements naturels (intempéries, incendie, pollution…), 
  • Accidents biologiques et chimiques (fuite de gaz, incident nucléaire),
  • Événements sanitaires (épidémie, pandémie…),
  • Incidents technologiques et industriels (télécoms, transports…),
  • Menaces à la sécurité publique (acte terroriste par exemple). 

Des tests menés partout en France au printemps 2022

Plusieurs départements français pilotes ont mené des tests grandeur nature du dispositif FR-Alert au cours du printemps 2022. Le principe : un scénario fictif de crise, des forces de l’ordre et de secours mobilisés et l’envoi d’une notification (bien réelle !) sur les mobiles des populations présentes dans le périmètre défini. 

Parmi eux, la Seine-Maritime avec un exercice attentat au Zénith de la Métropole Rouen Normandie. Une simulation de tuerie de masse a donné lieu à l’envoi de messages d’alerte sur les téléphones des personnes dans une zone d’un kilomètre et demi autour du site. Idem dans le Rhône, dans la vallée dite de la « chimie » autour de Feyzin lors d’un exercice mené par la sécurité civile à la gare de triage de Sibelin. 

Le Val-d’Oise et les Yvelines ont également testé FR-Alert à proximité d’une station d’épuration; tout comme les Bouches-du-Rhône qui ont accueilli un exercice d’accident climatique durant plusieurs jours dans le secteur de Fos-sur-Mer et Martigues. 

D’autres déploiements en Europe

FR-Alert est la déclinaison hexagonale de la directive européenne qui vise à ce que chaque pays de l’Union européenne se dote d’un système d’alerte sur mobile. L’Italie est en passe d’adopter IT-Alert actuellement testé, tout comme l’Angleterre avec UK-Alert. Le pays s’était aligné au dispositif d’alerte avant sa sortie officielle de l’UE. L’Allemagne devrait lancer officiellement DE-Alert en 2023. 

De leur côté, les États-Unis ont déployé un système d’alerte par diffusion cellulaire en 2012. Il est notamment utilisé par les autorités météorologiques pour prévenir les habitants de risques tels que des cyclones, de fortes chutes de neige ou d’autres conditions climatiques extrêmes auxquels les Américains sont régulièrement confrontés. Certains États l’ont même utilisé lors de la crise sanitaire du Covid-19 pour informer du port du masque obligatoire et de certaines dispositions liées à la pandémie. 

D’autres pays du monde utilisent des outils d’alerte basés sur la technologie « cell broadcast ». C’est par exemple le cas en Israël, en Corée du Sud, au Japon, au Canada ou aux Philippines, etc. 

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