Ces dernières années, les progrès réalisés en matière d’Intelligence Artificielle ont fait naître de nouveaux logiciels d’analyse prédictive. Dans un futur proche, ils pourraient permettre de mieux analyser et donc de mieux anticiper les incidents et les actes malveillants.

En 2002, Steven Spielberg imaginait dans son film Minority Report une police du futur capable de prédire les crimes et d’arrêter les malfaiteurs avant qu’ils ne passent à l’action. Depuis, l’idée a fait son chemin…

Les progrès de l’Intelligence Artificielle permettent aujourd’hui de traiter et d’analyser avec précision, dans un temps record, un très grand nombre de données. C’est le fameux « big data » (« grosses données ») généré par nos échanges numériques ou encore par les objets connectés qui se multiplient dans nos foyers et dans l’espace public de la Smart City (bâtiments, lampadaires ou encore caméras connectés). Cette nouvelle donne technologique ouvre notamment de nouveaux horizons en matière de modélisation prédictive.

Des algorithmes pour prédire les crimes et délits

Le développement de l’Intelligence Artificielle a entraîné dans son sillon, l’apparition de programmes informatiques conçus pour prévoir les crimes et les délits, notamment aux Etats-Unis. Ces logiciels sont capables d’analyser l’ensemble des actes de délinquance commis dans un quartier sur plusieurs années : cambriolages, vols, trafics de stupéfiants, agressions sexuelles, crimes…

En recoupant les données grâce à des algorithmes, ils établissent une cartographie de la délinquance à la fois dans l’espace et dans le temps.

En recoupant les données grâce à des algorithmes, ils établissent alors une cartographie de la délinquance à la fois dans l’espace et dans le temps. Cela leur permet d’émettre des “prédictions”. Par exemple, ils peuvent ainsi déterminer, à quel endroit et à quel moment de la journée un cambriolage a statistiquement le plus de chances de se produire.

Plusieurs logiciels en phase de test aux Etats-Unis et en Europe

PredPol, le plus célèbre d’entre eux, équipe déjà la police de Los Angeles depuis 2016. Il fonctionne en recoupant trois points de données : type de délit, lieu, date et heure où il a été commis, et ce en remontant jusqu’à 5 ans en arrière. L’algorithme est mis à jour en temps réel avec chaque nouveau délit recensé.

Sur les ordinateurs des policiers, les prédictions de PredPol s’affichent sous forme de zones rouges via une interface web présente sur Google Maps. Et les résultats sont au rendez-vous. Sur son site internet, PredPol revendique déjà une diminution moyenne de 33% des agressions et de 21% des crimes violents dans la ville depuis le début de son utilisation par la police locale.

En France, les forces de l’ordre testent des logiciels similaires. La Gendarmerie Nationale a en effet mis en place une cellule spécialisée dans l’analyse prédictive de la délinquance. Les gendarmes utilisent un algorithme mis au point en interne qui compile des statistiques issues de différentes bases de données pour pronostiquer les vols et les délits.  Le dispositif a été expérimenté début 2018 dans onze départements, dont l’Oise, le Puy-de-Dôme, la Seine-et-Marne, et les Alpes-Maritimes, avant que la gendarmerie n’envisage son déploiement sur l’ensemb—le du territoire national.

La Gendarmerie Nationale a en effet mis en place une cellule spécialisée dans l’analyse prédictive de la délinquance.

Au Royaume-Uni et en Belgique, le logiciel Valcri, permet aux policiers d” élucider plus rapidement des affaires de meurtres. Son algorithme est capable d’analyser trois années de données criminelles. Il peut ainsi émettre, en se basant sur les preuves récoltées, des indications prédictives sur les coupables potentiels.

En Allemagne, le logiciel Precobs a quant à lui été testé en 2014  à Munich et à Nuremberg. En croisant sur plusieurs années, deux types de données – nature du délit et récurrence de celui-ci –  il fournissait aux policiers des calculs de probabilité sur les lieux où risquaient de se produire un potentiel cambriolage. L’utilisation du programme aurait permis de faire baisser ces derniers de 30%. Le déploiement de Precobs dans d’autres villes en Allemagne est actuellement à l’étude.

Un futur outil de surveillance ?

Demain, on peut imaginer que, dans le cadre d’une plus grande coopération public/privée, les entreprises de sécurité pourraient intégrer dans une étude de sûreté, des données de type prédictif. Ainsi, des programmes informatiques pourraient être utilisés pour déterminer quand et dans quelle partie d’un bâtiment, un acte malveillant a statistiquement le plus de chances d’être commis.

D’une manière générale, on reste toutefois loin – et heureusement pour les défenseurs des libertés publiques – d’un scénario à la Minority Report où les forces de sécurité arrêteraient les auteurs de malveillance avant même qu’ils ne passent à l’acte.

 

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