Les avancées rapides des nouvelles technologies permettent aujourd’hui de mettre aux points des dispositifs de sécurité électroniques toujours plus pointus. Pour répondre aux demandes exigeantes de leurs clients en la matière, les entreprises de sécurité / sûreté privée doivent donc s’adapter de manière constante au rythme de ces innovations. Quelles sont les dernières innovations pour la sécurisation des citoyens ? Comment encourager la diffusion de l’innovation au sein du secteur ? Quels sont les prochains défis de la sécurité privée en matière d’innovation ? Jean-Yves ORSEL – Président de la société DOVOP, spécialiste de systèmes d’identification par le numérique, et Président du Pôle Sûreté et Sécurité de l’ANITEC – répond à nos questions.

  • Vous travaillez tout particulièrement sur les dispositifs pour la sécurité des citoyens en ville. Quelles sont les dernières innovations en la matière  ?  

L’entreprise DOVOP dont je suis président propose en effet plusieurs solutions de sécurité électronique urbaines, particulièrement axées sur la circulation en ville. Nous travaillons sur des solutions déjà connues du grand public comme les contrôles d’accès automatisés et la vidéosurveillance, mais aussi sur des dispositifs plus inédits. Par exemple, nous avons créé un système de reconnaissance de plaques d’immatriculation, et nous avons mis en place, en France et à l’étranger, les premiers radars de STOP, de tramways, et de passages piétons. Présents en ville, ils permettent de détecter les infractions au Code de la route commises et de verbaliser ainsi plus systématiquement les contrevenants.

Évidemment, de nombreux citoyens râlent face à la mise en place de tels outils : ils craignent d’être sanctionnés et de perdre des points sur leur permis de conduire. Pourtant, c’est le moyen le plus efficace d’assurer leur sécurité. Prenons l’exemple des passages piétons : on recense chaque année en France 480 décès causés par des accidents sur des passages piétons. Les radars sont aujourd’hui la solution la plus efficace pour réduire le nombre de décès, notamment pour protéger les enfants aux abords des écoles par exemple.

En tant que dirigeant d’une entreprise de sécurité électronique, mon rôle est donc de mettre en avant l’utilité de ces nouvelles technologies, garantes d’une plus grande performance en matière de  sécurité.

En tant que dirigeant d’une entreprise de sécurité électronique, mon rôle est donc de mettre en avant l’utilité de ces nouvelles technologies, garantes d’une plus grande performance en matière de  sécurité.

  • Pouvez-vous nous expliquer comment l’ANITEC encourage la diffusion de l’innovation dans le secteur de la sécurité ? 

Dans la sécurité privée comme dans tous les secteurs, ce sont les échanges professionnels qui permettent de nourrir l’innovation. C’est justement le rôle de l’ANITEC : il s’agit de la première organisation professionnelle française qui regroupe plus de 300 entreprises expertes dans des domaines techniques, tels que la sûreté, la sécurité incendie et la domotique. Pour ma part, je suis Président du Pôle sûreté et sécurité de l’ANITEC. Dans ce pôle, notre mission est de dénicher des entreprises conceptrices de solutions innovantes en matière de sécurité et sûreté. Concrètement, nous organisons des réunions techniques, au cours desquelles des entreprises du secteur présentent leurs solutions. Cela permet ainsi, tant à des PME qu’à des grands groupes industriels, de se tenir informés des dernières technologies du secteur. Pour eux, c’est un avantage concurrentiel non négligeable : nous les aidons à créer des solutions globales de sécurité à forte valeur ajoutée, de manière à répondre aux attentes de leurs clients en termes de performances, de technologies, de sécurité et d’évolutivité.

  • Au vu du rythme rapide de l’innovation, quels sont d’après vous, les principaux défis des entreprises de sécurité/sûreté ?

Il y a selon moi deux grands défis que doivent relever les entreprises du secteur.

D’abord, je suis convaincu que les sociétés de sécurité françaises devraient mettre davantage leur savoir-faire en avant. Elles ont un rôle de “sachantes” et sont véritablement expertes de leur domaine. L’un des grands défis qu’elles doivent relever est donc d’éduquer tant les acteurs publics (élus locaux, municipalités) que privés (entreprises et citoyens) à la nécessité d’installer de plus en plus de dispositifs intelligents pour garantir la sécurité de tous. Par exemple, les élus locaux sont souvent peu enclins à investir dans des dispositifs peu rentables financièrement. Il faudrait que cela soit l’inverse ! Par le biais de mon rôle à l’ANITEC mais aussi au sein de mon entreprise, je tente d’expliquer aux municipalités qu’elles ont tout intérêt à investir dans des nouvelles technologies de sécurisation performantes, et notamment dans les dispositifs de vidéoverbalisation. Ceux-ci représentent en effet pour elles un double avantage : des infractions mieux détectées pour une sécurité plus efficace, et par conséquent, une verbalisation plus systématique, génératrice de revenus pour les collectivités.

Je suis convaincu que les sociétés de sécurité françaises devraient mettre davantage leur savoir-faire en avant.

De la même manière, il est également de la responsabilité des entreprises de la sécurité de faire entendre aux citoyens que les dispositifs mis en place sont pensés pour leur sécurité. Là encore, tout est une question d’éducation  !

Concernant les prochains défis du secteur, je voudrais aussi mettre l’accent sur les futures échéances de la France, notamment les Jeux Olympiques de 2024. Cet événement va représenter un défi de taille pour les entreprises de sécurité nationales. Pour faire face à l’ampleur de cet événement, nous nous sommes déjà regroupés avec plusieurs entreprises de sécurité membres de l’ANITEC, de manière à répondre à des appels d’offres lancés par Solidéo, la société de livraison des ouvrages olympiques. Car il ne peut pas y avoir d’étape “brouillon” : c’est tout l’écosystème du secteur qui devra être prêt pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques. Et je pense que les systèmes d’identification numérique comme la vidéosurveillance et la reconnaissance faciale — pour l’instant interdite en France — auront tout leur rôle à jouer pour faire progresser l’efficacité des systèmes de sécurité électronique.

Il ne peut pas y avoir d’étape “brouillon” : c’est tout l’écosystème du secteur qui devra être prêt pour assurer la sécurité des Jeux Olympiques.

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