Optimiser la gestion des flux de passagers, tout en améliorant drastiquement le niveau de sécurité pour les personnes et les sites. Voici la promesse des nombreuses expérimentations et initiatives qui se développent à grand renfort de technologies innovantes dans des aéroports du monde entier. Tour d’horizon. 

Un scanner 3D expérimenté à Orly et Roissy pour le contrôle des bagages cabine

Sortir ses appareils électroniques, son ordinateur, son smartphone, présenter ses liquides au contrôle de sécurité avant l’embarquement… Et si cette contrainte pour de nombreux passagers souhaitant voyager avec un bagage cabine n’était bientôt plus qu’un lointain souvenir ?

C’est en tout cas ce à quoi travaille le groupe ADP (Aéroports de Paris). Depuis octobre 2022 (et pour une durée d’au moins un an), l’aéroport d’Orly teste l’utilisation de deux nouveaux scanners 3D au départ du terminal 3. Leur rôle ? Inspecter directement le contenu des valises et sacs destinés à être emportés en cabine.

Voilà qui devrait ravir les passagers en quête de rapidité, mais pas seulement. Avec ce scanner, les contrôles gagnent également en précision de détection sur la nature des objets et produits contenus dans le bagage. Un plus en matière de sécurité.

D’autres aéroports européens comme Heathrow, à Londres, ou Schiphol, à Amsterdam, expérimentent également des scanners 3D.

ADP ne cache pas qu’à moins d’un an de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la généralisation de l’outil pourrait faire gagner de précieuses minutes pour fluidifier les flux massifs de passagers attendus dans les aéroports de la capitale. Pour preuve, ces scanners 3D devraient également être testés à Roissy-Charles-de-Gaulle d’ici la fin de l’année 2023.

La réalité virtuelle pour améliorer l’inspection des bagages 

Autre piste pour optimiser l’inspection des bagages cabine : la réalité virtuelle ! Là aussi, il s’agit d’éviter d’ouvrir valises et sacs et de gagner en efficacité de détection.

Dans ce cadre, Next Vision, un projet de recherche soutenu et financé par le gouvernement et porté par le service technique de l’aviation civile (STAC), a été dévoilé en février 2023. 

Selon Christophe Hurter, professeur-chercheur à l’ENAC (École nationale de l’aviation civile) et responsable du projet, l’enjeu consiste à « réussir à améliorer l’expérience des passagers et réduire les risques pour le personnel et les voyageurs liés aux bagages potentiellement dangereux ». Concrètement, comment ça marche ? Les agents de sûreté, grâce à des casques de réalité virtuelle, n’auront plus à toucher le contenu des bagages en cas de doute. De plus, la nature du produit dangereux sera bien plus précise : explosifs, objets tranchants, médicaments, etc.

Pour l’heure, aucune date de mise en service de ces dispositifs de réalité virtuelle n’est avancée. 

Scanner 3D, VR et… intelligence artificielle ! 

Le contrôle des bagages cabine concentre donc toutes les attentions ! À l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, on a décidé de miser sur l’intelligence artificielle. Les autorités néerlandaises participent effectivement au projet Dartmouth. 

Le principe ? Utiliser l’IA et les algorithmes pour analyser très finement les images des bagages à main scannés. L’enjeu étant évidemment d’identifier plus rapidement et plus sûrement les articles interdits à bord et dangereux.

La reconnaissance biométrique des passagers se développe et est notamment disponible dans les aéroports de Vienne, Francfort, Berlin, Londres, Hambourg, Munich… pour fluidifier et sécuriser l’embarquement.

La reconnaissance biométrique prend de l’ampleur dans les aéroports

En octobre 2022, Star Alliance affichait ses ambitions. La plus grande alliance aérienne au monde, regroupant 26 compagnies, indiquait alors souhaiter que 50 % de ses membres utilisent la biométrie à l’horizon 2025. L’objectif ? Décongestionner les aéroports tout en sécurisant et facilitant l’enregistrement des passagers. 

L’aéroport de Dubaï et la compagnie Emirates ont été précurseurs en la matière. Dès 2020, grâce à une technologie biométrique combinant la reconnaissance faciale et celle de l’iris, les passagers d’Emirates ont pu s’enregistrer pour leur vol, remplir les formulaires d’immigration, entrer dans le lounge Emirates et embarquer sans jamais présenter de documents d’identité. 

Depuis, plusieurs compagnies (Lufthansa, British Airways, Austrian Airlines) et aéroports (Vienne, Francfort, Berlin, Londres, Hambourg, Munich…) s’y sont mis. 

Le passager doit préalablement créer un profil biométrique comprenant sa photo dans l’application de la compagnie aérienne avec laquelle il voyage. Ensuite, il n’a plus qu’à se présenter aux points de contact biométriques, installés en divers endroits dans l’aéroport et munis de la technologie pour scanner son visage, et être reconnu.

La sécurité des pistes garantie par l’intelligence artificielle

Dans le jargon aéroportuaire, on les appelle les FOD (Foreign Object Debris or Damage) : un ensemble de petits objets et de débris sur les pistes qui constituent un péril très important pour la sécurité des avions au décollage et à l’atterrissage. La traque de ces FOD est dévolue à des agents qui arpentent les pistes en voiture au moins deux fois par jour et les inspectent visuellement. 
Une start-up française, Flyinstinct, fondée en 2017, a mis au point une solution pour optimiser ce processus. Ainsi, des caméras positionnées sur le toit de la voiture de l’agent l’assistent pendant sa ronde d’inspection. Les images filmées sont analysées grâce à l’IA embarquée dans les caméras. Ensuite, le dispositif envoie des notifications en temps réel pour indiquer la présence de FOD sur les pistes. Un outil complémentaire à l’inspection humaine pour améliorer la sécurité et accélérer la détection.

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