Le personnel des sociétés de sécurité privée est-il suffisamment préparé au risque NRBC ? Une question qu’il est légitime de se poser alors que la formation est aujourd’hui peu développée et que la perspective des Jeux Olympiques 2024 rappelle la nécessité d’anticiper ce type d’attaque.

N.R.B.C. ? Quatre lettres qui signifient peu de choses pour le citoyen lambda mais qui représentent pourtant un des risques majeurs parmi l’ensemble des menaces terroristes. Cette abréviation fait référence au risque Nucléaire, Radiologique, Biologique (et non Bactériologique) ou Chimique.

Le 20 mars 1995, la secte «Aum Shinrikyō » a perpétré le tristement célèbre attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo au Japon, tuant douze personnes et en blessant grièvement une cinquantaine. Plus récemment, les attaques dans la Ghouta Orientale en Syrie ont rappelé que les armes chimiques – dites « sales » – étaient malheureusement encore utilisées. En France, le vol de combinaisons anti-armes chimiques à l’hôpital Necker en 2015 ou encore le projet d’attentat à la ricine déjoué en mai 2018, nous amènent à réfléchir à notre capacité à répondre en urgence à une attaque terroriste de type NRBC. D’autant plus que les premières minutes sont déterminantes pour déclencher l’activation de dispositifs spécifiques.

Développer la formation des agents de sécurité privée

Les acteurs de la sécurité privée sont conscients que le risque NRBC fait partie des menaces à prendre en compte. Toutefois, dans les référentiels actuellement imposés pour les formations initiales et continues, la menace n’est abordée que durant un court module d’1h30 (« définir les risques terroristes et connaître les différentes menaces terroristes »). Et cela sans aucun élément de pratique. Cette sensibilisation paraît bien en dessous de la réalité de terrain. Il serait bon d’accroître un apport pratique et théorique qui puisse leur permettre de déterminer le caractère NRBC, de donner l’alerte, voire d’intervenir dans un environnement contaminé ou susceptible de l’être.

Il serait bon d’accroître un apport pratique et théorique qui puisse leur permettre de déterminer le caractère NRBC, de donner l’alerte, voire d’intervenir dans un environnement contaminé ou susceptible de l’être.

Les agents affectés à la surveillance de sites type OIV ou PIV (Opérateurs d’Importance Vitale ou Points d’Importance Vitale) sont quant à eux, sensibilisés in situ sur les problématiques de contamination des produits de consommation courante tels que l’eau potable. Dans ce cadre, un module de formation complémentaire pourrait être consacré à des exercices pratiques d’identification des substances nocives. Par exemple, faire le distinguo entre différents produits toxiques liquides et déterminer s’il s’agit de vésicants (produits irritants) ou de neurotoxiques permettrait une remontée d’informations et une organisation préalable des secours plus efficace.

Un continuum de sécurité public-privé ?

Bien évidemment, les équipes spécialisées de la Sécurité Civile, des pompiers ou encore la Cellule Nationale NRBC de la Gendarmerie sont capables d’intervenir après un attentat ou un accident industriel. Elles disposent pour cela d’un équipement souvent classifié comme matériel militaire qui n’est par conséquent, pas accessible aux acteurs de la sécurité privée. Au niveau national, la menace NRBC est plus que jamais prise en compte et des exercices basés sur différents scénarios de propagation sont régulièrement effectués, notamment à l’occasion des grands rassemblements.

A ce titre, la perspective des Jeux Olympiques de 2024 à Paris et la surveillance des « fan-zones » par les sociétés de sécurité privée, pourrait justement être l’opportunité d’une action de sensibilisation commune sur le risque NRBC entre les secteurs publics et privés.

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