Il y a quatre ans, le 15 avril 2019, la France et le monde assistaient en direct à l’incendie de Notre-Dame de Paris, l’un des emblèmes de la capitale. L’embrasement total de la charpente entraînait la destruction de la flèche de l’édifice, haute de 90 mètres. Alors que la reconstruction de la charpente a débuté, qu’ont prévu les responsables du chantier pour protéger la cathédrale du feu ?

Un départ de feu dans la charpente et pas de murs coupe-feu

Que s’est-il vraiment passé le 15 avril 2019 ? Quatre ans après l’incendie monstre de Notre-Dame de Paris, l’origine du sinistre n’est pas formellement établie par l’enquête de la police judiciaire. Même si, de l’avis des expertes et experts, elle est « à 99 % d’origine accidentelle ». On sait, en revanche, que le départ de feu a eu lieu au niveau de la charpente de l’édifice. Un entrelacs de poutres datant du XIIIe siècle, qui s’est embrasé à une vitesse stupéfiante. Il a également été mis en évidence que le dispositif d’alerte a été défaillant, et que de précieuses minutes ont été perdues avant l’arrivée de 400 pompiers, qui s’affaireront ensuite de longues heures dans le brasier. 

D’autre part, par choix esthétique, plusieurs éléments de sécurité incendie n’avaient pas été installés à proximité de la charpente. C’est ce que révèle une enquête du New York Times . Les combles étaient dépourvus d’extincteurs automatiques et de murs coupe-feu, afin de ne pas altérer l’apparence de la charpente. Objectif : la conserver dans son état d’origine. Des murs coupe-feu étaient cependant présents dans d’autres parties de l’édifice religieux. 

« Un dispositif inédit de brumisation va être installé dans la cathédrale. Il s’agit d’un système de brouillard d’eau, qui diffuse, sous pression, de très fines gouttelettes. Le système est en cours de simulation, et les premiers résultats sont excellents. »

Général d’armée Jean-Louis Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris

Caméras thermiques et câbles ignifugés

C’est une volonté forte de l’État émise rapidement après l’incendie : Notre-Dame de Paris sera reconstruite à l’identique. Il en sera donc ainsi de la charpente en bois et des combles. Pour ce faire, 2 000 chênes vont être nécessaires, issus de dons de forêts publiques et privées françaises. Une reconstitution qui a déjà commencé. 

À ce titre, un rapport d’information parlementaire du 16 février 2022, qui détaille les principaux travaux engagés et les budgets alloués, estime que « la sécurité incendie fait évidemment l’objet d’une attention particulière ».

Pour l’heure, les pouvoirs publics ont communiqué sur plusieurs équipements qui seront installés, une fois la restauration terminée. Parmi eux : 

  • Des caméras thermiques pour détecter précocement tout point chaud,
  • Des dispositifs coupe-feu dans les combles, pour éviter la propagation qui a été fatale lors de l’incendie du 15 avril 2019,
  • Des réseaux d’eau revus pour faciliter l’extinction.

On sait par ailleurs que des câbles électriques ignifugés vont être utilisés à Notre-Dame. Début 2023, une entreprise bourguignonne a fait don de… 200 km de câbles ! Ils ont la capacité de ralentir la propagation des incendies, et garantissent une faible émission de fumée, ce qui facilite les évacuations en cas de départ de feu. Ce type de câble est par exemple déployé dans les établissements recevant du public, comme les crèches et les hôpitaux. 

L’utilisation de brumisateurs, une première dans une cathédrale

Le général d’armée Jean-Louis Georgelin, représentant spécial du président de la République, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, a indiqué qu’un système de brumisation des poutres a été retenu. La brumisation est, par exemple, communément utilisée pour sécuriser les data centers.

« Un dispositif inédit de brumisation va être installé dans la cathédrale. Il s’agit d’un système de brouillard d’eau, qui diffuse, sous pression, de très fines gouttelettes. Le système est en cours de simulation, et les premiers résultats sont excellents », expliquait-il dans une interview au Figaro le 22 juillet 2022. Aucune autre cathédrale n’en est à ce jour pourvue ! 

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