Dans le contexte actuel de menace terroriste, les méthodes de secourisme évoluent pour permettre aux personnes formées d’intervenir auprès des blessés en cas d’attaque. Ce “secourisme tactique”, inspiré des techniques militaires, est désormais inculqué aux agents de sécurité privée. 

Les multiples attentats qui se sont produits en Europe ces dernières années (Paris, Bruxelles, Nice, Londres, Manchester, Munich, Berlin, etc.) ont montré les limites du secourisme traditionnel. Le fameux tryptique “protéger, alerter, secourir” enseigné depuis les années 1980 consiste surtout à prendre des mesures conservatoires (position latérale de sécurité, massage cardiaque, etc.), dans l’attente d’une prise en charge médicale.  

Ce secourisme n’est plus calibré pour répondre aux situations d’urgence rencontrées dans le contexte d’attaques terroristes. En effet, les blessures causées lors d’un attentat ressemblent davantage à des blessures de guerre : plaie par balle ou par arme blanche, “blast” ou pneumothorax suite à une explosion, lésion par écrasement, etc. Souvent, ce sont aussi des polytraumatismes. Ceux qui peuvent prodiguer les premiers secours n’ont donc plus pour rôle d’attendre l’arrivée des équipes médicales mais bien de sauver des vies lorsqu’il en est encore temps.  

Ceux qui peuvent prodiguer les premiers secours n’ont donc plus pour rôle d’attendre l’arrivée des équipes médicales mais bien de sauver des vies lorsqu’il en est encore temps.

En conséquence, depuis 2015, les méthodes d’intervention évoluent vers un secourisme plus opérationnel, dit “secourisme de guerre” ou “secourisme tactique”, directement inspiré des techniques militaires. Objectif : stabiliser un blessé grave sur place dans le but de le transporter au plus vite vers une structure de soins adaptée à sa situation. C’est le principe du “damage control” (limitation des dégâts), issu de la médecine militaire.  

Les nouvelles obligations de formation des agents de sécurité privée

La connaissance de ces notions de secourisme tactique est aujourd’hui obligatoire pour les agents de sécurité privée. En effet, du fait leur fonction de sécurisation des lieux et des personnes, ils peuvent souvent se retrouver, en cas d’attaque, en première ligne pour porter secours aux blessés.  

L’arrêté du 27 janvier 2017 a ainsi ajouté à la formation initiale et continue d’agent de sécurité, 13 heures dédiées à la prévention des risques terroriste. Un module d’1h30 est notamment consacré au secourisme tactique. Cette formation complète permet d’acquérir les réflexes à adopter en cas d’attaque terroriste pour savoir se protéger soi-même et protéger les autres.  

En cas d’attentat, l’agent de sécurité doit avant tout se conformer aux consignes gouvernementales : s’échapper, se cacher, alerter. Rappelons que l’agent n’est pas un soldat. Sur une zone attaquée, il ne peut intervenir que si la situation est un minimum sécurisée et sous contrôle des forces de l’ordre.   

La formation permet par ailleurs de développer les connaissances nécessaires en secourisme pour être en mesure d’intervenir à l’issue d’une attaque. L’agent apprend à utiliser différentes techniques et matériels, tels que les garrots (tourniquet, à cliquet ou improvisé) et les pansements compressifs hémostatiques, qui étaient jusqu’ici l’apanage des équipes médicales. Il est également formé aux dégagements d’urgence et à réaliser des comptes-rendus efficaces auprès des services de secours. 

Des formations ouvertes à tous

En réalité, la prise en charge des blessés incombe aux premières personnes présentes sur place avant l’arrivée des secours. Ce sont souvent de simples citoyens sans connaissances médicales particulières. Il est donc primordial de diffuser les gestes et notions de premier secours, et notamment de secourisme tactique, auprès d’une large frange de la population.  

En ce sens, CECYS – le centre de formation de la société GORON – propose depuis 2017, aux particuliers et aux salariés des entreprises, une formation de 6 heures au secourisme tactique. Ouverte à tous et ne nécessitant aucun prérequis particulier, elle apporte les connaissances nécessaires pour prendre en charge les victimes à la suite d’une attaque terroriste. Plus nombreuses seront les personnes formées, plus le nombre de victimes pourra être limité.  

 

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