Lilian LAUGERAT — expert en gestion des risques sûreté  — nous éclaire sur le confinement sûreté et nous livre ses conseils pour assurer le bon déroulement de cette procédure en entreprise.

Ces dernières années, les actes terroristes nous ont parfois montré que l’adoption d’une position de confinement pouvait sauver des vies. Souvenez-vous par exemple lors de la prise d’otage du supermarché Hyper Cacher, Porte de Vincennes à Paris, le 9 janvier 2015 : Lassana Bathily, employé de l’enseigne, avait eu un comportement exemplaire en dissimulant certains clients dans la chambre froide du magasin. Après plusieurs heures d’attente, ces derniers avaient finalement pu être évacués par une issue de secours en toute sécurité.

C’est tout le principe du confinement sûreté qui consiste, dans une situation de risque majeur, à sécuriser les personnes d’un établissement en les plaçant dans une zone définie, fermée et sécurisée. Cet espace permet à la fois de mettre à l’abri les personnes en danger, d’éviter qu’elles n’en sortent si l’évacuation est dangereuse, mais aussi que des personnes extérieures n’y pénètrent.

Un vide normatif

Si lors de l’attaque de l’Hyper Cacher, Lassana Bathily a eu le bon réflexe, le problème reste qu’il n’existe aujourd’hui aucune norme, aucun standard de protection, imposant la mise en place de plan confinement dans les établissements. Quelques exercices sont bien réalisés dans certaines écoles mais rien n’est encore entrepris dans les entreprises.

“Aujourd’hui, en cas de problème, la règle tacite qui prime est le “sauve-qui-peut” explique Lilian LAUGERAT. “Le confinement permet justement d’éviter la panique et les mouvements de foule désorganisés ”.

Aujourd’hui, en cas de problème, la règle tacite qui prime est le “sauve-qui-peut”. Le confinement permet justement d’éviter la panique et les mouvements de foule désorganisés

Chaque dirigeant d’entreprise est par définition propriétaire des risques qui pèsent sur les biens et personnes de son établissement. En cas de problème, il en retourne de sa responsabilité légale. Il lui revient donc de vérifier qu’il existe des procédures de confinement sûreté mises en place dans son entreprise.

Mettre en place un plan de confinement sûreté

Malgré l’absence de normes, des bonnes pratiques existent en matière de confinement. Les plans et procédures peuvent être mis en oeuvre par les services de sécurité et de sûreté des bâtiments.

Dans un premier temps, il s’agit d’appliquer toutes les mesures nécessaires et adéquates pour protéger les personnes : condamner les accès, placer le personnel à l’abri dans une zone sécurisée préalablement définie, prévoir des moyens de communication, alerter les forces de l’ordre et préparer l’évacuation sûreté avec les autorités.

Mais le déroulement d’un plan de confinement sûreté ne s’arrête pas une fois que les personnes sont dans un espace sécurisé. Il faut encore être en mesure de gérer la période de confinement. Une telle situation peut en effet être source de panique pour les collaborateurs, compte tenu du stress et de l’anxiété générés par la survenance d’un incident sûreté. Le plan de confinement implique par conséquent une véritable gestion de crise : il faut s’assurer que le personnel de l’entreprise va bien, le recenser, communiquer avec lui et le tenir informé de la situation, afin d’éviter toute réaction imprévisible et disproportionnée.

Pour faire en sorte que ces mesures soient correctement appliquées, une étape est cruciale : sensibiliser et préparer régulièrement les collaborateurs aux exercices de confinement. Lilian LAUGERAT recommande au moins un exercice par an.

Renforcer la culture sûreté dans l’entreprise

“La sensibilisation des collaborateurs de l’entreprise est l’une des clés de réussite pour qu’un plan de confinement sûreté se déroule correctement” affirme Lilian LAUGERAT. “Plus les procédures sont expliquées et répétées régulièrement dans l’entreprise, plus les collaborateurs y sont sensibilisés et préparés, bien moindres seront les risques de mouvement de panique ou de malaises lors d’un événement ” insiste-t-il.

La sensibilisation des collaborateurs de l’entreprise est l’une des clés de réussite pour qu’un plan de confinement sûreté se déroule correctement.

D’après l’expert, il devient donc urgent d’instaurer et de renforcer dans chaque entreprise, quelque soit sa taille, une véritable culture de la sûreté. Pour le chef d’entreprise, mais aussi pour les services de sécurité et de sûreté de l’établissement, cela implique de préparer l’entreprise et l’ensemble des collaborateurs à savoir se protéger en cas d’acte malveillant. Cette organisation préalable de l’établissement et de son personnel sera déterminante si un risque venait à se réaliser.

 

Lilian Laugerat

Président de Solace

Lilian LAUGERAT dirige le cabinet de conseils SOLACE spécialisé dans l'analyse des risques sûreté et la posture de gestion de crise.

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