Les incendies ne font pas de distinction, et peuvent survenir partout, quel que soit le lieu. Y compris dans les bureaux d’une entreprise, une usine de production, un commerce de détail, ou encore un entrepôt. La priorité est bien entendu la préservation de l’intégrité des membres du personnel. Mais la prévention des risques et la lutte contre les incendies revêtent également d’autres enjeux pour une entreprise : un tel sinistre peut en effet avoir d’importantes répercussions socio-économiques. Dégâts matériels, chômage technique… Voire, dans le pire des cas, une fermeture définitive de l’entreprise. La sécurité incendie s’impose comme une préoccupation majeure pour tout employeur. Dans ce cadre, les sociétés sont soumises à des obligations légales, essentielles pour la protection des personnes et des biens. La formation du personnel fait partie intégrante de la mission de prévention du risque incendie qui incombe à une entreprise. Que dit concrètement la loi à ce sujet ?

Une réglementation incendie variable selon les différents lieux de travail 

Toutes les entreprises n’ont pas à remplir les mêmes exigences en matière de prévention du risque incendie. Plusieurs critères de distinction existent, notamment : 

  • La taille de l’effectif,
  • Le type de bâtiment et la configuration du lieu,
  • La nature de l’activité, 
  • L’accueil éventuel sur le site de personnes extérieures à l’établissement. 

En raison de leurs caractéristiques, certains lieux de travail ou établissements dépendent d’une réglementation plus contraignante sur le plan de la formation à la sécurité incendie. C’est le cas des établissements recevant du public (ERP) et des immeubles de grande hauteur (IGH), où la présence d’un service de sécurité incendie est obligatoire. 

Des mesures particulières s’appliquent également aux exploitants d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) telles que les usines, les centres de données, ou encore les sites de stockage de liquides inflammables. 

Enfin, le nombre de personnes salariées influe sur l’étendue des dispositions que l’employeur doit prendre, puisque la loi impose moins de contraintes aux petites entreprises.

ERP et IGH : l’obligation d’un service de sécurité incendie permanent et spécifiquement formé 

La constitution d’un service de sécurité incendie est impérative pour les structures qui accueillent du public (articles MS 46 et MS 48 de l’arrêté du 25 juin 1980). Il en va de même pour les immeubles de grande hauteur (articles GH 60 et GH 62 de l’arrêté du 30 décembre 2011). 

Selon la classe de l’ERP ou de l’IGH, l’unité peut ainsi être composée : 

  • De membres du personnel désignés par l’employeur et ayant reçu une formation incendie, 
  • d’agents de sécurité incendie justifiant d’un diplôme SSIAP, 
  • de sapeurs-pompiers,
  • d’une combinaison des trois catégories précédentes.  

Qualifications et rôle des agents de sécurité incendie professionnels

L’arrêté du 2 mai 2005 détaille les missions et les modalités de qualification pour les personnels permanents détenteurs d’un diplôme SSIAP :

  • Les agents de sécurité incendie et d’assistance à personnes (formation SSIAP 1) : elles et ils assurent la prévention des risques d’incendies, effectuent les vérifications élémentaires des équipements de sécurité (localisation à la bonne place, vérification du bon fonctionnement, entretien…), sensibilisent les employées et les employés aux risques, préviennent et réceptionnent les secours, interviennent rapidement en cas de départ de feu, portent secours aux victimes, etc.
  • Les chefs d’équipe de sécurité incendie (formation SSIAP 2) : elles et ils supervisent l’activité quotidienne des agents SSIAP 1, veillent à l’application des consignes de sécurité, délivrent des permis feux pour les travaux par points chauds, gèrent le poste central de sécurité en situation de crise, etc. 
  • Les chefs de service de sécurité incendie (formation SSIAP 3) : elles et ils pilotent l’unité, conseillent l’employeur quant à la sécurité incendie, réalisent le suivi des obligations de contrôle, d’entretien ou de maintenance, etc.

Les organismes disposant d’un agrément SSIAP assurent ces formations, et délivrent des diplômes reconnus par le ministère de l’Intérieur. 

Les obligations de formation au risque incendie communes à toutes les entreprises

Toute société doit obéir à des règles communes, quelle que soit l’importance de son effectif ou la nature du lieu de son installation. En effet, l’article R4227-28 du Code du travail précise que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour que tout commencement d’incendie puisse être rapidement et efficacement combattu dans l’intérêt du sauvetage des travailleurs ». 

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), l’ensemble des collaborateurs et collaboratrices doivent ainsi savoir comment : 

  • Donner l’alerte en cas de sinistre. 
  • Maîtriser le fonctionnement et la manipulation des extincteurs pour éteindre un feu naissant. 
  • Réagir face à un incendie : enclenchement du système de désenfumage, sécurisation du poste de travail, évacuation… 

L’employeur prend les mesures nécessaires pour que tout commencement d’incendie puisse être rapidement et efficacement combattu dans l’intérêt du sauvetage des travailleurs .

Article R4227-28 du Code du travail

Ce socle de connaissances est renforcé par des exigences supplémentaires dans les entreprises où le risque d’incendie est plus élevé. Par exemple, dans celles où sont manipulées des matières inflammables. Des membres du personnel doivent être spécialement entraînés à l’utilisation des lances à incendie ou des générateurs de mousse, à la mise en sécurité d’installations électriques ou de gaz, ou encore à l’évacuation totale des locaux. 

À ce titre, plusieurs formations peuvent être dispensées : équipier de première et seconde intervention (EPI et ESI), équipier d’intervention technique (EIT), équipier d’évacuation (guide-file et serre-file). 

Pour remplir vos obligations en matière de formation des salariés à la sécurité incendie, vous pouvez vous tourner vers différents établissements ou instituts de formation. Cecys est l’un d’entre eux, et propose des modules et parcours variés. 

Consigne de sécurité incendie : une obligation pour les entreprises de plus de 50 personnes  

Les lieux de travail regroupant plus de 50 salariées et salariés, ainsi que les établissements stockant des produits inflammables sont soumis à l’obligation d’élaborer une consigne de sécurité incendie. Comme son nom l’indique, elle donne les dispositions à suivre si le site se retrouve en proie aux flammes. 

Au-delà de son affichage obligatoire dans les locaux, la consigne prévoit la conduite d’exercices pratiques. Ces essais doivent notamment permettre aux salariés de reconnaître le signal d’alarme, de repérer les espaces d’attente sécurisés, et de savoir utiliser les moyens de premiers secours. 

L’INRS recommande d’organiser des exercices d’évacuation au moins deux fois par an. Quant aux entraînements à la manipulation des extincteurs, un intervalle de 6 mois à 3 ans est préconisé, selon le niveau d’exposition de l’entreprise au risque incendie. 

Les établissements de taille réduite, dont le nombre de salariés est inférieur à 50 personnes, bénéficient d’une législation plus souple. La consigne de sécurité incendie est remplacée par « des instructions […] permettant d’assurer l’évacuation rapide des personnes occupées ou réunies dans les locaux », comme le spécifie le Code du travail. 

Néanmoins, l’INRS conseille aux petites entreprises d’adopter les bonnes pratiques de protection mises en place par les établissements plus exposés, afin de renforcer la sécurité des salariés et des biens. 

Les sanctions en cas de non-respect de l’obligation d’information et de formation à la sécurité incendie

Les entreprises sont tenues par une obligation de sécurité à l’égard de leur personnel salarié. Plusieurs dispositions légales viennent prévoir des sanctions à l’encontre de l’employeur en cas de manquement à ces obligations en matière de sécurité incendie. 

Ainsi, un employeur encourt : 

  • Une amende délictuelle de 10 000 € en l’absence de dommage (article L. 4741-1 du Code du travail), 
  • Une contravention de 15 000 € pour mise en danger d’autrui sans dommage, et une peine d’emprisonnement d’un an (article 223-1 du Code pénal), 
  • Une pénalité de 45 000 € en cas d’homicides ou de blessures involontaires, et jusqu’à 3 ans de prison (article 221-6 du Code pénal). 

La responsabilité de l’exploitant ne peut être mise en cause que s’il y a faute délibérée ou caractérisée.

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