La Coupe du monde de rugby qui s’est achevée le 28 octobre 2023 a été riche d’enseignements en matière de lutte anti-drones. La compétition a fait office de répétition générale pour les JO de Paris 2024. Considérées comme la menace numéro un par les autorités, les attaques de drones sont particulièrement redoutées. Retour sur le dispositif mis en place en France durant la Coupe du monde de rugby, et sur les leçons à en tirer en prévision des Jeux olympiques. La sécurisation de l’espace aérien, une priorité durant la Coupe du monde de rugby Les oppositions furent âpres sur les terrains au cours de la Coupe du monde de rugby organisée dans l’Hexagone. Mais entre le 8 septembre et le 28 octobre 2023, un tout autre match se jouait en coulisses. Et non des moindres. Durant plus d’un mois et demi, la lutte anti-drones a fortement mobilisé les militaires du ministère des Armées (en particulier l’armée de l’air et de l’espace), ainsi que les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur (policières, policiers et gendarmes). Les drones sont effectivement considérés comme une menace majeure par les autorités, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ces dispositifs se sont largement démocratisés, et le nombre d’appareils en circulation a considérablement augmenté. Ensuite, les technologies ne cessent de se perfectionner. De quoi laisser craindre que certains appareils puissent devenir plus difficilement détectables. Enfin, capables d’embarquer des charges explosives, les drones sont considérés comme susceptibles d’être exploités pour mener des attaques terroristes. Y compris des attaques coordonnées, qui verraient plusieurs drones décoller simultanément pour larguer des charges à divers endroits. Cela provoquerait des mouvements de foule dévastateurs, et c’est un scénario catastrophe qui hante les autorités. Preuve de la réalité de la menace : au lendemain de la finale de la Coupe du monde, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin livrait un bilan de vingt drones malveillants interceptés aux abords des stades durant la compétition. Vingt drones malveillants ont été interceptés aux abords des stades durant la compétition. La lutte anti-drones, l’une des composantes du « dispositif particulier de sûreté aérienne » Avant le coup d’envoi de l’événement sportif, le ministère des Armées ne s’en était pas caché : le grand rendez-vous de l’ovalie devait également faire office de rodage pour les Jeux olympiques de Paris 2024. “« La Coupe du monde de rugby constituera un jalon dans la montée en puissance du dispositif olympique », indiquait-il dans un communiqué publié début septembre 2023.L’occasion de tester en conditions réelles l’efficacité du personnel et des équipements de la lutte anti-drones. Laquelle constitue une brique au sein d’une organisation sécuritaire plus globale : le « dispositif particulier de sûreté aérienne », plus connu sous le nom de DPSA ou encore de « bulle de protection aérienne ». Son objectif ? Prévenir tout acte malveillant venant des airs, qu’il soit d’origine terroriste, militaire ou encore contestataire. Les bulles de protection sont généralement activées pour assurer la sécurité aérienne de manifestations présentant un caractère sensible. Par exemple, le défilé militaire du 14 Juillet, les réunions de chefs d’États (G7, COP…), et les autres grands événements, dont la Coupe du monde de rugby et les JO font partie. Du 8 septembre au 28 octobre derniers, le DPSA a donc couvert la Région parisienne et les 9 autres villes accueillant la compétition avec des mesures adaptées. Parmi celles-ci, l’interdiction de survol par des drones commerciaux ou de loisir de plusieurs sites considérés comme sensibles : Camps de base des équipes (c’est-à-dire les hôtels et les terrains d’entraînement), Stades recevant les matchs de la compétition, Fan zones. Quel dispositif anti-drones pendant la Coupe du monde ? Quatre-vingt mille spectateurs et spectatrices au Stade de France, de nombreux chefs d’État, des personnalités, une fan zone… La cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde de rugby, le 8 septembre 2023, a mobilisé d’importants moyens de lutte anti-drones en Région parisienne. C’est ensuite l’ensemble des matchs qui ont fait l’objet d’une surveillance. Pour ce faire, un centre d’opérations était déployé à Saint-Denis. Une dizaine d’opérateurs et d’opératrices y travaillaient à la détection des drones, mais aussi à leur neutralisation au moyen de fusils brouilleurs rendant les appareils volants inopérants. Deux hélicoptères Fennec étaient également en vol, avec à leur bord des tireurs embarqués. De quoi parer à toute éventualité. En savoir plus Police du ciel : qui sont les anges gardiens de l’espace aérien français ? En savoir plus Police du ciel : qui sont les anges gardiens de l’espace aérien français ? Plusieurs autres dispositifs de lutte anti-drones étaient également actifs durant toute la compétition, certains reposant notamment sur le système « BASSALT » (pour « basse altitude »). L’objectif ? Détecter, identifier, classifier, et neutraliser par brouillage les appareils potentiellement hostiles. L’armée de l’air et de l’espace dispose aussi de systèmes de lutte anti-drones dits « lourds ». Des équipements dotés de radars ultra-sophistiqués capables de capturer et de suivre un signal émis par un drone, d’identifier visuellement l’appareil, mais aussi de localiser un télépilote. Des brouilleurs de fréquence et des drones « chasseurs » peuvent ensuite intervenir sur les appareils contrevenants, en les déviant de leur trajectoire ou en les immobilisant. Le ministère de l’Intérieur a également apporté sa pierre à l’édifice. La police nationale a utilisé le système RADIANT (recherche active de drones intrusifs, acquisition, neutralisation). Les « sections de protection appui drone » (SPAD) de la gendarmerie étaient, elles aussi, de la partie. Parmi les moyens de neutralisation à disposition des SPAD, là encore, des fusils brouilleurs. Lesquels, d’un simple appui sur la gâchette, coupent la liaison entre le drone et son utilisateur ou utilisatrice. À cet arsenal de solutions s’est ajouté un outil mis au point par Thalès et particulièrement adapté à la sécurisation des stades. « Parade » est un radar surpuissant, d’une portée de cinq kilomètres, qui assure une détection maximale à longue distance. Il est également doté d’un système de brouillage qui bloque la communication entre le drone et son pilote. Après la Coupe du monde de rugby, les Jeux olympiques en ligne de mire Durant la Coupe du monde de rugby à l’automne 2023, les autorités ont donc pu éprouver plusieurs moyens de lutte anti-drones. Le dispositif va considérablement monter en puissance pour les Jeux olympiques de Paris, qui se déroulent en France du 26 juillet au 11 août 2024. Le rendez-vous des amoureuses et amoureux du ballon ovale n’a occasionné « que » 200 heures de surveillance. En comparaison, un défilé du 14 Juillet nécessite généralement 20 heures d’opérations anti-drones. Pour les JO, les opérateurs et opératrices devront assurer… 4 000 heures de surveillance et de lutte anti-drones sur pas moins de quarante sites. Un changement d’échelle considérable. Facebook Twitter LinkedIn Lire aussi Télésurveillance et vidéosurveillance : quelle différence ? Sécurité & Sûreté humaine 25 juin 2024 Installer un système de sécurité à son domicile, dans son entreprise ou dans un lieu public permet d’éviter bien des accidents ou de contrecarrer des délits. Parmi les options possibles, il y a la télésurveillance et la vidéosurveillance. Mais quelles sont les différences entre ces deux solutions ? 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