Surveillance d’une entreprise, d’un immeuble, d’un site, d’un parking… Dans bien des situations, à plus forte raison la nuit ou le week-end, les agents de sécurité privée sont amenés à exercer leurs missions seuls. Quelles sont les obligations des employeurs sur le sujet des travailleurs isolés ? Quels dispositifs permettent de détecter une situation d’urgence et d’agir rapidement quand personne n’est à leurs côtés pour donner l’alerte ?

Travailleur isolé : quelles obligations pour les employeurs ?

En vertu du Code du travail, l’employeur est dans l’obligation d’avoir une démarche de prévention vis-à-vis de ses salariés. L’article L.4121-1 impose à l’employeur de prendre « les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». Ces mesures comprennent des actions de prévention des risques professionnels, des actions d’information et de formation ainsi que la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés. Il convient donc de définir les risques inhérents au travail isolé et d’y apporter une réponse.

Dès qu’un agent de sécurité exerce sa surveillance seul, hors de portée de vue et de voix, il est considéré comme travailleur isolé par la réglementation du travail. De plus, l’article R4543-19 dispose que « un travailleur isolé doit pouvoir signaler toute situation de détresse et être secouru dans les meilleurs délais ».

Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), « en raison notamment de la grande diversité de situations rencontrées, le code du travail confère à l’employeur le pouvoir et la responsabilité :

  • d’identifier les situations d’isolement physique,
  • d’apprécier l’opportunité de prendre en considération ces situations et d’y remédier,
  • de déterminer les mesures appropriées à leur prévention ». 

C’est donc dans ce cadre que les équipements de protection individuelle doivent être considérés comme des dispositifs à fournir aux agents de sécurité privée

Un travailleur isolé doit pouvoir signaler toute situation de détresse et être secouru dans les meilleurs délais.

Article R4543-19 du Code du travail

Protection individuelle du travailleur isolé : de quoi parle-t-on ?

Derrière ces trois lettres, EPI, il y a d’abord un sigle générique pour évoquer les « équipements de protection individuelle ». Lesquels désignent les dispositifs destinés à protéger une personne contre un ou plusieurs risques pour sa santé et sa sécurité. Ils peuvent être portés (lunettes, vêtements de protection, casque, etc.) ou tenus à la main (écran de protection, boucliers…). Les EPI concernent par exemple les travailleurs pouvant être exposés à divers risques : contamination, chute, exposition à des agents chimiques ou biologiques…

Dans cette grande famille des équipements EPI figure une sous-catégorie appelée PTI : la protection du travailleur isolé. Il s’agit de l’ensemble des mesures et de procédures de prévention et d’intervention initiées pour protéger le travailleur isolé. En effet, sans personne à proximité pour lui porter assistance, celui-ci doit pouvoir être secouru dans les meilleurs délais lors d’une situation de détresse. 

C’est dans ce cadre que les DATI, sous catégorie des PTI, trouvent tout leur sens dans le secteur de la sécurité privée. Le Dispositif d’Alarme pour Travailleurs Isolés (DATI) désigne un équipement de sécurité au rôle bien spécifique : détecter une situation critique pour un agent de sécurité travaillant seul et déclencher rapidement les secours.

Protéger le travailleur isolé : comment ça marche ? 

Rondes dans un parking, surveillance d’une entreprise, d’un immeuble, d’un site… Les agents de sécurité privée peuvent être amenés à exercer leurs missions seuls dans de nombreux cas de figure. De surcroît la nuit et/ou le week-end, dans des environnements éloignés et/ou pouvant être hostiles, les agents de sécurité sont potentiellement confrontés à diverses situations les mettant en péril : accident, chute, agression, vol… 

Avec un équipement PTI-DATI, le travailleur isolé doit pouvoir donner l’alerte, être géolocalisé et être secouru. Ainsi, les dispositifs prennent plusieurs formes : téléphone de géolocalisation et d’envoi d’alarme, application mobile pour smartphone, montre connectée, boîtier…

Ces solutions doivent pouvoir fonctionner que le travailleur soit conscient ou non. Il peut déclencher lui-même l’alerte. Mais dans le cas contraire, ces équipements sont dotés de fonctionnalités capables de détecter une immobilité prolongée, une perte de verticalité faisant penser à une chute… 

C’est sur ce principe que fonctionnent notamment les téléphones PTI : ils envoient une alerte, qui peut être déclenchée manuellement, mais aussi automatiquement si la personne qui en est équipée ne peut s’en charger elle-même. L’appareil est ainsi capable de détecter une perte de verticalité (chute au sol), ou encore une absence de mouvement pendant un laps de temps défini. Il partage également la position GPS du travailleur, afin que l’on puisse lui porter assistance le plus rapidement possible. 

Mais pour que ces éléments de sécurité soient tout à fait efficaces, il convient d’avoir défini en amont une procédure d’intervention. Qui sera destinataire de l’alarme ? Une personne en interne qui préviendra les secours ou les secours directement ?

Protections PTI-DATI : quels avantages ?

Les dispositifs PTI-DATI apportent une sérénité et une grande réassurance aux travailleurs isolés. En cas de détresse, les agents de sécurité privée pourront être secourus rapidement. 

Pour les employeurs, outre la conformité avec leurs obligations légales, ils peuvent constituer des outils à considérer pour optimiser les ressources humaines. Grâce aux DATI, les entreprises peuvent plus facilement envisager d’affecter un agent seul à une mission, tout en maintenant sa sécurité. De quoi permettre de répartir ses effectifs avec pertinence et économie. 

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