Relativement récent, le terme d’écoterrorisme interpelle et divise. Tout droit venu des États-Unis, il a été plus d’une fois utilisé dans la sphère politique française, et décrié par les mouvements écologistes aux noms desquels il a été associé. Il fait aujourd’hui son retour sur le devant de la scène à l’occasion de l’organisation des Jeux olympiques. Mais que signifie-t-il exactement et que risquent les olympiades de Paris 2024 ?

L’écoterrorisme, un néologisme qui divise venu des États-Unis

L’écoterrorisme est utilisé pour désigner toute action, menace ou manifestation réalisée au nom de l’écologie. 

Le mot « écoterrorisme » ( « eco-terrorism » en version originale) apparaît dans les années 1980, sous la plume de l’auteur américain et opposant aux mouvements pour l’environnement Ron Arnold. Ce dernier le définit comme un « crime pour sauver la nature ». Définition par la suite utilisée par le FBI pour désigner les activités du front de libération des animaux au début des années 2000. 

En France, c’est en 2022 que le terme d’écoterrorisme est mis en lumière, dans le cadre des manifestations contre la construction de mégabassines à Sainte-Soline. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, l’emploie à plusieurs reprises, assurant que les manifestants ont « des modes opératoires qui relèvent de l’écoterrorisme ». 

Il est depuis repris par le milieu politique français, bien que son utilisation soit souvent contestée.  

Un terme controversé au statut juridique flou

La controverse autour de l’utilisation du terme d’écoterrorisme tient dans l’étymologie même du mot. Composé de « éco- » pour écologie et de « terror » pour terreur, il se rapporte, dans son sens littéral, à des actes de violence extrême, ce qui lui confère une connotation très négative, qui l’assimile à des actions terroristes comme des attentats meurtriers. 

Employé récemment pour qualifier des actions contestataires sans violence relevant a priori de la manifestation, il lui est reproché de criminaliser et de discréditer les organisations luttant en faveur de l’environnement. 

La notion d’écoterrorisme est également contestée dans l’Hexagone, du fait de son absence de valeur juridique en droit français. En effet, si les États-Unis ont inclus l’écoterrorisme dans la définition du terrorisme du Patriot Act de 2001, pour l’état français, il n’en est rien. Il est possible de poursuivre des militants écologistes pour destructions de biens, mais aucunement pour terrorisme écologique. Il n’est pas non plus possible de les qualifier de groupes écoterroristes.   

Toutefois, c’est un terme qui est revenu récemment sur le devant de la scène, à l’approche des Jeux olympiques de Paris, organisés du 26 juillet au 8 septembre 2024.

La notion d’écoterrorisme est contestée car elle n’a aucune valeur juridique en France.

Les groupes écologistes prêts à se mobiliser pendant les JO ?

Bien que le ministère de la Transition écologique revendique les JO de Paris comme étant les Jeux les plus « durables » jamais organisés, les groupes à vocation écologiste considèrent la compétition comme un immense gâchis environnemental.  Des actions militantes ont déjà eu lieu lors de la construction des infrastructures nécessaires à l’accueil des athlètes et du public. Une manifestation a notamment rassemblé plus de 500 personnes à Aubervilliers afin de dénoncer la destruction de 2,5 hectares de jardins ouvriers (parcelles de terre mises à la disposition des habitants par les municipalités) au profit d’un centre aquatique.   

D’autres actes de désobéissance civile sont d’ores et déjà prévus, entre autres, lors du parcours de la flamme olympique. 

Afin de mieux se faire entendre, certains groupes ont décidé de se rassembler en interorganisation. Cette dernière se compose notamment de Saccage2024, Extinction Rebellion et Youth for Climate, qui luttent contre le réchauffement climatique.

Pendant que les groupes en faveur de l’écologie se mobilisent autour des Jeux olympiques, la gendarmerie nationale, la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure) et le comité d’organisation des Jeux se préparent à ce qu’ils appellent « la menace contestataire ». 

Une action militante redoutée pendant les JO

Dans une note rédigée par la gendarmerie nationale, destinée à la DGSI et au comité d’organisation des Jeux, est mentionné tout ce qui peut menacer la sécurité des JO cet été. Dévoilé par RMC Sport et BFMTV le 29 août 2023, ce document mentionne notamment la « menace contestataire ». 

Sous cette appellation se cache notamment l’ensemble des actions de désobéissance civile menées par les organisations écologistes et visant directement le comité des Jeux olympiques, mais pas seulement. Les entreprises sponsors sont également citées comme cibles potentielles. 

En effet, certaines de ces grandes sociétés sont déjà en proie à des revendications écologiques. Parmi celles-ci EDF, sous le feu des projecteurs depuis l’annonce de la construction d’une centrale hydroélectrique pour alimenter en électricité la nouvelle ville de Neom en Arabie Saoudite, ou Coca-Cola, classé premier pollueur plastique en 2023 par l’ONG Break Free From Plastic. 

Afin d’assurer la sécurité autour des événements et des sites olympiques, c’est plus de 50 000 agents de sécurité publique et privée qui ont été mobilisés. L’armée a elle aussi été sollicitée. Mais, avec des entreprises prises pour cible, les besoins sécuritaires s’élargissent.  

Des besoins sécuritaires accrus pour les entreprises

Les entreprises partenaires des Jeux olympiques risquent d’être au centre des actions de désobéissance civile des mouvements écologistes, mais elles ne sont pas les seules à pouvoir être ciblées. 

Les yeux du monde seront braqués sur la France pendant les Jeux olympiques, c’est l’opportunité rêvée de se faire entendre pour des militants.

Pour faire face à cette situation, il s’annonce essentiel pour toute entreprise située dans le périmètre des JO d’assurer sa sécurité via le recours à des agents de sécurité privés ou à des dispositifs de sécurité renforcés comme la télésurveillance. D’autant plus que la plus grande partie des policiers, policières et gendarmes seront affectés aux JO et non disponibles pour d’autres missions. 

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