La technologie n’a de cesse d’évoluer et de se perfectionner. Ce qui relevait autrefois de la science-fiction est aujourd’hui une réalité : les premières expérimentations de robots de sécurité autonomes ont déjà commencé à travers la planète ! Surveillance de zones sensibles, prise de décision, alerte… Ces machines sont désormais bien plus que de simples automates. Grâce à l’intelligence artificielle et à des capteurs performants, elles constituent un réel atout pour les forces de l’ordre et de sécurité privée. Panorama de ces agents robotiques dans le monde et en France. 

Qu’est-ce qu’un robot de sécurité autonome ?

Un robot de sécurité autonome (ASR) est conçu pour réaliser diverses tâches de sécurité de façon indépendante. Cette machine dotée de l’intelligence artificielle (IA) ne nécessite pas d’intervention humaine constante : elle jouit d’un degré d’autonomie plus ou moins important selon ses paramètres de mission. 

Elle est ainsi capable « d’analyser son environnement, de s’y situer, d’identifier une difficulté, pour exécuter matériellement, seule ou en coopération avec un être humain, la solution trouvée », comme le souligne Thierry Daups dans « Le droit des robots » (numéro hors-série de la Revue de la gendarmerie nationale).  

En effet, les ASR sont équipés de capteurs avancés, de caméras, de logiciels de traitement de données, et de capacités de navigation autonome. Cette panoplie de technologies leur permet de surveiller et de patrouiller dans des lieux spécifiques pour détecter et signaler des activités suspectes ou des situations dangereuses. 

Des machines capables d’effectuer des missions de sûreté et de sécurité 

Les robots de sécurité autonomes peuvent aujourd’hui accomplir de multiples tâches. Parmi lesquelles :

  • La surveillance continue d’un espace, comme un site industriel ou un centre commercial, afin de détecter toute activité inhabituelle (intrusions, comportements suspects, incidents, etc.),
  • La conduite de rondes à intervalles réguliers, en suivant des itinéraires prédéfinis, pour s’assurer de la sécurisation des zones, 
  • La prévention des risques avec la détection d’anomalies telles que des fuites de gaz, des portes mal fermées, ou encore des départs de feux, 
  • L’intervention lors d’opérations dangereuses en milieux hostiles. 

Dissuasion, lecture des plaques d’immatriculation, reconnaissance faciale… Les applications de la robotique autonome sont nombreuses. Ces machines polyvalentes peuvent ainsi être déployées dans une grande variété d’environnements, y compris des installations industrielles, des entrepôts, des hôpitaux, et bien d’autres endroits où la sécurité est une préoccupation majeure. 

Les premières expérimentations internationales des ASR pour seconder les forces de l’ordre 

Ces agents de sécurité d’un nouveau genre sont de précieux alliés pour les autorités. Actifs 24h/24, ils ne subissent aucune baisse de vigilance. Ils contribuent à renforcer la sécurité en fournissant une présence constante, des données en temps réel, et une réactivité rapide en cas de besoin. Au regard de ces avantages, plusieurs robots autonomes ont ainsi fait leur apparition sur le terrain, comme en Amérique du Nord ou en Asie. 

Aux États-Unis, des chiens robotiques pour les opérations dangereuses

Adopté depuis peu par les pompiers de New York, « Digidog » a réintégré les rangs de la police en avril 2023, après une première tentative infructueuse en 2021. Ce robot-chien de 32 kilos, baptisé « Spot » par son fabricant Boston Dynamics, « est sorti de la fourrière » pour aider à lutter contre le crime. Sa mission : assister les forces de l’ordre new-yorkaises dans des situations à haut risque. Des prises d’otages ou des alertes à la bombe, par exemple. 

Digidog est sorti de la fourrière […] pour aider la police de New York à repérer et à enquêter sur les situations et les lieux dangereux à haut risque.

Eric Adams, maire de New York, et Jeffrey Maddrey, chef du département de la police de New York

Autre robot de sécurité autonome déployé dans les rues de la métropole américaine : le K5 de Knightscope. Cette machine aux allures de R2-D2, célèbre droïde de la saga Star Wars, patrouille désormais dans la station de métro de Times Square. Malgré ses quatre caméras, la nouvelle recrue n’effectue ni reconnaissance faciale ni enregistrement audio, pour respecter la vie privée des usagères et des usagers. En cas de problème, les personnes peuvent appuyer sur son bouton pour être mises en relation avec un agent de police. 

Des robots-policiers dans l’aéroport de Singapour

En Asie, la police de Singapour a placé deux sentinelles autonomes dans l’aéroport de Changi. « L’intégration de la robotique améliore l’efficacité opérationnelle et les capacités de nos agents de première ligne, leur permettant d’être plus efficaces dans leurs fonctions », explique Lim Ke Wei, chef des opérations de la police de l’aéroport.

Du haut de leur 1 mètre 70, les robots sillonnent les couloirs du terminal 4 afin de fournir des yeux supplémentaires aux officiers. En outre, ils sont équipés de haut-parleurs et d’un écran LCD pour diffuser des messages à destination du public. Mais les robots patrouilleurs peuvent également intervenir lors d’un incident pour avertir les passantes et passants avant l’arrivée des forces de l’ordre. Ils disposent à cet effet de clignotants, d’une sirène d’alerte, et d’une caméra télescopique à 360 degrés destinée à offrir une vue dégagée de la situation.  

Les robots de sécurité autonomes également sur le terrain en France ?

Côté français, les ASR offrent une solution attractive pour faire face au manque d’effectifs dans la sécurité privée, à l’image du GR100, le premier robot 100 % made in France destiné à la surveillance industrielle. Mis au point par la société Running Brains, ce drone terrestre patrouille de façon autonome autour des sites sensibles. Il assure aussi bien des missions de sûreté que de sécurité industrielle.

Par exemple, ce gardien peut : 

  • Surveiller des points stratégiques. 
  • Détecter et interpeller les intrus. 
  • Identifier des voitures ventouses. 
  • Effectuer des relevés automatiques de données telles que la température ou l’intensité sonore. 
  • Alerter en cas de mesure anormale ou de problème technique.

Une technologie étroitement surveillée 

Qu’il s’agisse du GR100 ou de tout autre ASR, les robots de sécurité autonomes utilisés en Europe doivent tous être conformes au règlement général sur la protection des données (RGPD). En effet, de la même façon qu’un serveur informatique, les ASR peuvent être pris pour cible par les pirates informatiques à des fins malveillantes. La cybersécurité, la sécurisation des données, et le respect de la vie privée sont donc des enjeux importants de la robotique autonome. 

Par ailleurs, la nouvelle loi européenne sur l’intelligence artificielle, actuellement en construction, fournira le tout premier cadre juridique sur les systèmes d’IA. Les ASR seront en principe soumis à cette réglementation inédite. Affaire à suivre !

Lire aussi

Comment concilier cybersécurité et sobriété numérique ?

Technologie & Systèmes
13 février 2024

Confrontées à un univers cyber toujours plus menaçant, les entreprises doivent, dans le même temps, veiller à réduire l’empreinte environnementale engendrée par leurs activités et équipements numériques. La cybersécurité des entreprises peut-elle concilier efficacité et écoresponsabilité ? Les entreprises à la croisée des enjeux de sécurité et de préservation de…

Quel avenir pour la vidéosurveillance assistée par intelligence artificielle ?

Technologie & Systèmes
30 janvier 2024

Alors que le recours à la vidéosurveillance intelligente dans l’espace public soulève des interrogations quant au respect des libertés fondamentales des individus, les autorités viennent d’indiquer qu’elle ne serait utilisée que de façon restreinte lors des JO de Paris 2024. Elles n’y ont finalement pas eu recours lors de la…

La cybersécurité des infrastructures critiques, un enjeu d’importance nationale

Technologie & Systèmes
23 janvier 2024

Télécommunication, santé, services financiers, énergie, agriculture… La France compte 300 entreprises et organismes publics et privés considérés comme des infrastructures critiques. Les autorités françaises parlent d’Opérateurs d’importance vitale (OIV), parce qu’ils sont jugés essentiels au bon fonctionnement de l’Etat et de son économie. Pourquoi leur protection cyber est-elle essentielle ? Comment…