En Île-de-France, l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) mène un projet qui pourrait bien donner des idées à de nombreux acteurs de la sécurité privée. En lieu et place des PC sûreté actifs dans chaque établissement de santé, l’AP-HP centralise l’ensemble de ses ressources dans 6 PC centralisés au niveau des groupements hospitaliers. Matthieu Metzger, conseiller défense et sécurité de zone au sein de l’Agence de santé régionale (ARS) d’Île-de-France, qui est partie prenante du projet, nous explique les gains attendus de cette mutualisation des services de sécurité. Malgré la pandémie de coronavirus, il y avait foule connectée à la dernière conférence de l’Association nationale de vidéoprotection (AN2V). Le 6 octobre 2020, de nombreux experts et expertes ont débattu des défis de la mutualisation des services de sécurité. L’après-midi d’échange a permis d’ouvrir le débat et de faire connaître des initiatives partout en France. Comment créer des passerelles pour améliorer l’efficacité de la sécurité privée en France ? Comment réunir des centres de télésurveillance pour mutualiser leurs ressources ? Parmi les acteurs réunis lors de la conférence de l’AN2V, Matthieu Metzger, conseiller défense et sécurité de zone au sein de l’Agence de santé régionale (ARS) d’Île-de-France, a tenu à partager le projet mené par l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris). >> Lire aussi : L’AN2V lève le voile sur l’avenir de la vidéoprotection 10 millions de patients Avec ses 39 hôpitaux répartis sur toute la région francilienne, l’AP-HP accueille, chaque année, environ 10 millions de personnes (en urgence ou en consultation). Avec une telle affluence, la sécurité représente un enjeu de taille. « Nos hôpitaux font face à quatre types de menaces : la délinquance commune (vols, dégradations), les violences importées de l’extérieur (une rixe qui déborde, par exemple), les violences internes (principalement dans les services de gériatrie, de psychiatrie et d’urgence, en raison de l’organisation des services ou de l’état psychiatrique des patients), et enfin la menace terroriste. Cette dernière forme de violence n’a pas encore touché les hôpitaux en France, mais de nombreux hôpitaux ont déjà été ciblés par des attaques terroristes, à l’étranger », détaille Matthieu Metzger. Face à toutes ces menaces, il devient essentiel de développer des solutions de sécurité plus poussées (intelligence artificielle, surveillance 24 heures sur 24, formation des personnels, etc.). Mais comment se lancer dans de telles évolutions sans de gros investissements financiers pour l’hôpital public ? Pour les responsables de l’AP-HP et de l’ARS Île-de-France, pas de doute : la mutualisation des services de sécurité répartis dans les différents établissements de santé permettra de répondre aux menaces, sans alourdir le budget sécurité de l’AP-HP. Mutualiser pour gagner en professionnalisme L’AP-HP entend donc mutualiser l’ensemble des PC sûreté de ses établissements de santé. Vidéoprotection, contrôle d’accès, gestion des équipes sûreté, détection des intrusions… à terme, tout doit passer par 6 centres de surveillance au lieu des dizaines actuels. Ainsi, les hôpitaux franciliens ne seront plus tenus de mobiliser un agent dans chaque établissement pour regarder des heures d’images de vidéosurveillance. Ces agents pourront alors se concentrer sur la protection des personnes, par exemple. Autre cas de figure : les interventions. Les établissements de santé peuvent être très proches géographiquement, notamment dans Paris intra-muros. Avec un PC sûreté centralisé, les équipes d’intervention peuvent être déployées d’un hôpital à l’autre, en fonction de l’évolution des menaces, ce qui n’était pas le cas avec les PC cloisonnés des différents établissements. « L’objectif n’est pas de réduire les budgets ou de remettre en cause des emplois d’agents. Il s’agit de gagner en professionnalisme, et de développer des solutions à l’échelle de la région, en maintenant le même budget. Par exemple, en centralisant les budgets et les ressources, on peut envisager de mettre à disposition des formateurs, pour faire monter en compétences toutes les équipes sûreté, mais aussi pour sensibiliser le personnel de santé, ce qu’un PC sûreté isolé ne pouvait pas se permettre », poursuit l’expert de l’ARS. Embarquer les équipes Mais l’immense défi de l’AP-HP reste de convaincre l’ensemble des équipes sûreté des gains qu’elles peuvent tirer de la mutualisation des services. « Un tel projet nécessite un vrai cadre méthodologique, en présentant tous les aspects de la mutualisation aux responsables sur place pour les embarquer. Ils peuvent percevoir le projet comme une menace pour leur travail. Tout l’enjeu consiste donc à leur faire comprendre qu’il s’agit, au contraire, d’un vrai gain au quotidien. D’autant que les PC sûreté locaux ne vont pas disparaître. L’objectif est qu’ils puissent reprendre la main rapidement, notamment en cas de crise », explique Matthieu Metzger. Une dynamique en faveur de la mutualisation dans les hôpitaux Si le projet de mutualisation des services de sécurité est né à l’AP-HP, c’est en partie grâce à une réforme, celle des groupements hospitaliers de territoire (GHT). Cet échelon a été créé en 2016 pour aider les hôpitaux à mettre en commun certaines ressources, notamment sur les fonctions supports (ressources humaines, comptabilité, informatique, etc.). « Cette réforme a créé une vraie dynamique en France pour la mutualisation de certains services. Toutefois, étonnamment, les responsables des services hospitaliers pensent rarement à mutualiser les services de sécurité, alors que les gains ne sont plus à démontrer. Dans le cadre de l’AP-HP, nous avons estimé que nous aurons obtenu un retour sur investissement (ROI) d’ici un à deux ans », conclut Matthieu Metzger. Reste à voir si le projet pilote de l’AP-HP convaincra d’autres groupements hospitaliers en France. Facebook Twitter LinkedIn
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