Une activité aérienne qui redécolle et un nouveau pass sanitaire à contrôler : la sécurité aéroportuaire est aux avant-postes de la reprise, malgré des difficultés économiques sans précédent pour la profession.

Les aéroports toujours en zone de turbulence

Un trafic passager en chute de 66 % dans les aéroports français, de 75 % à l’international : 2020 fut l’annus horribilis de tout un secteur frappé de plein fouet par la crise sanitaire. Avec des conséquences en cascade pour de nombreux acteurs : la filière aéroportuaire aurait ainsi perdu entre 10 et 15 % de ses emplois, soit près de 30 000 salarié·es. Les entreprises de la sûreté aéroportuaire, qui comptent 9 000 salarié·es, ne sont pas épargnées par ces dommages collatéraux.

Si un redécollage important s’amorce à l’orée de l’été 2021, l’activité serait loin d’atteindre les niveaux d’avant crise. Dans un communiqué commun, le 13 avril dernier, des organisations professionnelles et syndicales, dont le SESA (Syndicat des entreprises de sûreté aérienne et aéroportuaire), s’alarment. Selon elles, les perspectives pour 2021 ne sont pas des plus réjouissantes. La baisse du trafic serait encore de l’ordre de 50 % par rapport à 2019. Et ce, malgré une reprise conséquente attendue avec la saison estivale, mais sans doute insuffisante pour les rassurer totalement.

Malgré leurs difficultés, les expertes et experts de la sûreté aéroportuaire seront aux avant-postes, notamment sur le sujet épineux de la fluidité des contrôles.

L’inquiétude sur les temps d’attente…

Selon les chiffres de l’Association internationale du transport aérien (Iata), les voyageurs et voyageuses qui ont de nouveau fréquenté les aéroports ont déjà dû prendre leur mal en patience. Le temps passé dans les aéroports a doublé entre 2019 et 2021, passant de 1 h 30 à 3 h en moyenne. Alors que les volumes de passagers sont encore bien loin de leurs niveaux de croisière. Aéroports de Paris table par exemple sur une fréquentation de 30 à 35 % par rapport à ses chiffres habituels.

On connaissait les traditionnelles formalités d’enregistrement, de contrôles aux frontières et de sécurité, de douane et de récupération des bagages. Sont venues s’ajouter les vérifications relatives au statut sanitaire des passagers. Le tout dans un contexte où tous les voyageurs ne sont pas logés à la même enseigne. Leurs obligations sont très disparates et évolutives, selon leurs pays de provenance et de destination. Ce qui requiert une sur-sollicitation comme une vigilance accrue des acteurs et actrices de la sûreté. 

Une apocalypse des temps d’attente est à envisager.

Augustin de Romanet, PDG du Groupe Aéroports de Paris (ADP)

De quoi préoccuper Augustin de Romanet. Le 18 mai, le PDG du Groupe Aéroports de Paris (ADP) confiait ses craintes sans équivoque, parlant d’une possible « apocalypse des temps d’attente » due à la multiplicité des contrôles. Le 8 juin, il a par ailleurs demandé au ministère de l’Intérieur la levée des contrôles pour les vols en provenance de l’espace Schengen.

… mais des raisons d’espérer avec le pass sanitaire

Dès avril, dans leur communiqué commun, les organisations professionnelles et syndicales du secteur aéroportuaire appelaient cependant de leurs vœux le lancement d’un pass sanitaire. En participant à l’augmentation du trafic, il aurait la vertu « d’encourager la pleine reprise d’activité du secteur »

Mais le pass sanitaire est également attendu pour fluidifier les flux. Grâce à un simple QRcode à scanner facilement depuis son smartphone, on peut apporter des données sur sa vaccination, un test négatif ou une preuve de guérison du Covid : c’est moins de papiers, moins de vérifications à rallonge et… de risques de fraude. Important pour espérer soulager les professionnels de la sûreté.

Le passeport vaccinal, nouvel impératif pour le secteur de la sûreté aéroportuaire.

Déjà, depuis fin avril, l’application française #TousAntiCovid s’est enrichie d’une fonction « carnet ». Elle permet d’embarquer toutes les informations à présenter aux autorités. Et l’accord voté le 8 juin par l’ensemble des États membres de l’Union européenne pour la création du pass sanitaire européen devrait également porter ses fruits, afin de gagner un temps précieux à l’étape des vérifications.

De premières données encourageantes

Depuis le 22 avril 2021, Air France a lancé une expérimentation du pass sanitaire à l’aéroport d’Orly, pour les vols à destination de la Corse. Et ce test semble montrer des résultats encourageants sur la rapidité des contrôles. 70 % des voyageurs et voyageuses utilisent l’application plutôt qu’un certificat papier. Et selon Air France, le pass sanitaire permet de gagner 1 à 2 minutes par passager au départ.

Accélérer les contrôles pour fluidifier les passages dans les aéroports : voilà de quoi booster les envies de voyages, et mettre du baume au cœur des acteurs du secteur.

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