La France souffre d’un déficit certain en termes de culture de la sûreté. En conséquence de quoi, les entreprises ont trop souvent tendance à considérer les mesures de sûreté comme des coûts obligatoires. Elles devraient au contraire les envisager comme un investissement nécessaire et indispensable pour protéger leurs salariés et assurer leur image de marque face à des menaces réelles. Développer une véritable politique de sûreté, c’est contribuer à préserver la stabilité commerciale et financière de l’entreprise. Comment l’intégrer au cœur de la stratégie d’une organisation ?

Sûreté en entreprise : de quoi parle-t-on ? 

Bien souvent assimilées l’une à l’autre, la sûreté et la sécurité sont deux notions complémentaires, mais néanmoins bien distinctes.
Si la sécurité se concentre sur la protection des biens et des personnes contre les menaces non-intentionnelles, comme les risques accidentels et les catastrophes naturelles (incendie, inondation…), la sûreté a elle pour but d’endiguer et de contrecarrer les actes de malveillance intentionnels (terrorisme, sabotage…).

Ainsi, pour une entreprise, la sûreté englobe la protection contre les menaces internes et externes tels que l’espionnage industriel ou le vol, et représente l’ensemble des mesures mises en place pour garantir la protection des patrimoines humain et matériel de l’organisation. 

Un enjeu qui paraît donc éminemment stratégique, mais qui semble pourtant ne pas avoir la considération qu’il mérite. 

La sûreté délaissée par les entreprises ? 

En France, les entreprises peinent à mettre en œuvre une véritable culture de la sûreté, c’est-à-dire des plans, des procédures et des moyens concrets pour se prémunir contre des actions malveillantes qui pourraient être perpétrées à leur égard. Aujourd’hui, peu de dirigeants sont à même d’expliquer concrètement ce qu’ils ont mis en place pour protéger leur entreprise dans son ensemble.

Cette réalité est d’autant plus criante lorsque survient un événement malveillant : cyber-attaque, fraude au président ou encore attentat terroriste. Outre la mise en danger des salariés ou des clients, ces phénomènes laissent des traces durables, pour ne pas dire indélébiles auprès de l’opinion publique.

Comment en arrive-t-on là ?

Une culture française de la sûreté lacunaire

Premier élément qui permet d’expliquer partiellement les lacunes des entreprises en matière de sûreté : il manque à la France, de manière générale, une culture de la sûreté.  

Cette culture de la sûreté pourrait être définie comme la capacité d’une population à accepter le risque, à savoir quoi faire pour l’éviter et comment réagir si l’événement avait lieu.

Or, l’Hexagone souffre d’un déficit accru de sensibilisation et de formation aux risques de malveillance.
À titre de comparaison, en Grande Bretagne, la « security culture » est inculquée aux citoyens dès leur enfance, dans le cadre de l’école. Ils sont ainsi formés à respecter un ensemble de règles et de principes pour se protéger contre tous les types de menaces issues d’actes délibérément malveillants. Dans les entreprises, le non-respect de ces règles peut même être un motif de renvoi.

La sûreté : une notion qui souffre de l’absence de normes 

Autre facteur contribuant au manque de considération dont souffre la sûreté : l’absence de normes à son sujet. 

En ce qui concerne la sécurité, les entreprises sont soumises à des obligations légales. C’est par exemple le cas en ce qui concerne la prévention des risques incendie. 

Mais aucune règle, aucune obligation, ni même aucune définition ne sont clairement établies en ce qui concerne la mise en place de mesures de protection face à une volonté intentionnelle de nuire. Le secteur de la sûreté fait face à un manque cruel de normalisation. Or, normer une notion contribue grandement à sa démocratisation et surtout, à sa prise au sérieux. 

À l’heure actuelle, la plupart du temps, les mesures de sûreté ne sont pas encore considérées à leur juste importance au sein des entreprises. 

Sûreté en entreprise : sortir de la seule logique des coûts

La preuve la plus flagrante de ce manque de considération : la majorité des consultations et appels d’offres affichent le prix comme critère principal de sélection des prestations de sûreté / sécurité. Au même titre qu’une simple assurance multirisque, les entreprises ont tendance à y souscrire par obligation, en cherchant les moins “disantes” sans vraiment se soucier de ce qu’elles englobent réellement. En résumé, dans l’esprit des dirigeants, les prestations de sûreté / sécurité représentent un coût. Elles devraient au contraire être considérées comme un investissement utile et indispensable pour protéger leurs salariés et assurer leur image de marque face à des menaces réelles.

En effet, parmi les devoirs stratégiques d’une Direction se trouve l’obligation de protéger le personnel. La responsabilité des entreprises est aujourd’hui un enjeu majeur. Par ailleurs, l’entreprise doit veiller à son image et à sa notoriété, qui font partie de son capital immatériel. La réputation a en effet des impacts directs sur la confiance accordée par les clients et, en conséquence, sur le volume d’affaires. Qu’une institution ne soit pas capable d’apporter la preuve qu’elle a mis en œuvre tous les moyens nécessaires pour prévenir la concrétisation d’un risque ou d’un incident, n’est pas acceptable aux yeux de l’opinion. Même lorsque la solution est apportée rapidement au problème, le public retient le défaut d’anticipation.

Ainsi, outre la protection indispensable du personnel, mettre en œuvre une véritable culture sûreté, c’est aussi préserver la stabilité commerciale et financière de l’entreprise.

Outre la protection indispensable du personnel, mettre en oeuvre une véritable culture sûreté, c’est aussi préserver la stabilité commerciale et financière de l’entreprise.

Percevoir les coûts liés à la sûreté comme un investissement pour son entreprise

Il est donc temps pour les dirigeants de changer d’état d’esprit et de remettre la sûreté au cœur de la stratégie des entreprises et des institutions. Cela revient à choisir ses partenaires sécurité et sûreté dans une logique de performance et non pas de coût. Tout l’enjeu est de trouver l’équilibre entre rentabilité et sécurité globale pour entrer dans une logique d’investissement.
Considérés à leur juste place, ces partenaires pourront auditer finement tous les risques et les menaces qui pèsent sur l’entreprise. Qu’ils soient internes (sociaux, techniques, organisationnels, financiers, etc.) ou externes (politiques, environnementaux, commerciaux, liés à la production, à la sous-traitance, aux partenariats, au marché, etc). Les mesures de sûreté à mettre en place identifiées par cet audit impliqueront pour l’entreprise d’y affecter toutes les ressources techniques, financières et humaines nécessaires. Par ailleurs, les mesures devront être intégrées à tous les niveaux des processus décisionnels : de la R&D au développement commercial, de la conception de la stratégie à son application sur le terrain.
Une grande partie des entreprises de sécurité privée sont aujourd’hui prêtes sur tous ces sujets. Faisons leur confiance.

Crédit photo principale : © GORON

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