Le 1er octobre 2024, toutes les entreprises du secteur de la sécurité privée devaient avoir intégralement renouvelé la garde-robe de leurs agents. C’est en effet à cette date, quelques semaines après la fin des Jeux olympiques, qu’est entré en vigueur l’arrêté du 18 juillet 2023 relatif aux tenues des agents privés de sécurité. Une mesure qui a secoué la profession et qui fait toujours très largement débat en son sein. Au-delà de la problématique des délais et du flou qui a entouré la mise en application de cette nouvelle réglementation, s’est également posée une épineuse question : celle des coûts engendrés par une telle décision.

L’objectif du fameux arrêté du 18 juillet 2023 ? Harmoniser et homogénéiser l’apparence des professionnels et professionnelles de la sécurité privée pour les rendre facilement identifiables. À l’image, par exemple, de l’uniformité des tenues des gendarmes, policiers et policières.

Une réforme qui a imposé aux entreprises du milieu de rénover la garde-robe de chacun de ses agents de sécurité, afin que tous les vêtements de leur tenue arborent les nouveaux éléments rendus obligatoires (numéro de carte professionnelle, logo ou nom de l’entreprise…). Une opération aux implications logistiques et financières lourdes. 

Un délai trop serré, une mesure inadaptée

La mesure a longuement interrogé. Sur le timing imposé d’abord, sur sa pertinence ensuite. D’importants membres du milieu de la sécurité privée ont tenté d’obtenir une extension du délai, jugé trop court pour accomplir tous les changements imposés avant la date fatidique ; ainsi que des aménagements aux conditions d’application du texte, qui sur bien des aspects semble faire fi de la réalité du métier. La sécurité privée revêt en effet bien des visages et peut s’exercer dans des milieux radicalement différents, chacun répondant à ses propres codes et exigences. Quid du secteur du luxe par exemple, dans lequel l’apparence et l’image de marque sont primordiales ? Comment conserver l’élégance et la discrétion inhérentes à ce secteur tout en accolant un gigantesque “SÉCURITÉ” sur le costume de ses agents ? 

Une mesure coûteuse pour les entreprises

Autre interrogation, et non des moindres : qui pour payer la facture ? Car outre la contrainte organisationnelle qu’incarne l’arrêté du 18 juillet 2023, il représente également un coût qui peut vite s’avérer très élevé. Chaque agent doit disposer de plusieurs exemplaires de sa tenue pour pouvoir travailler tous les jours, a également accès à une déclinaison estivale de son uniforme afin de pouvoir exercer dans de bonnes conditions en cas de forte chaleur… Chaque membre du personnel de terrain implique ainsi la production de plusieurs tenues complètes, qu’ont dû acheter les entreprises sous peine de ne pas être en accord avec la nouvelle réglementation. Les acteurs du secteur se sont ainsi vu imposer une dépense incontournable, et potentiellement importante. 

Un coût écologique également élevé

Autre aspect contesté de la mesure : ses conséquences écologiques. La nouvelle réglementation a rendu les tenues précédentes obsolètes et inutilisables par leurs propriétaires dans le cadre de leur métier.

Les remplacer implique pour les entreprises de s’en débarrasser. Un impact environnemental certain, qui peut toutefois être atténué par la valorisation et le recyclage de ces uniformes. 

Néanmoins, outre son coût économique, cette réforme engendre également un coût écologique important qui, comme tant d’autres éléments, pose question.

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