En 2024, Paris accueillera le plus grand événement sportif du monde : les Jeux olympiques et paralympiques d’été. Pour cette manifestation XXL qui aura en grande partie lieu au cœur de la capitale, les risques sont innombrables. Aussi bien en matière de sécurité (incendie, fuite de gaz, effondrement d’installation, etc.) que de sûreté (terrorisme, vols, etc.). Mais comment appréhender ces risques dans leur globalité ? Quel sera le visage du dispositif de sécurité des JO de 2024 ? Pour Rendre notre monde + sûr, Claude Tarlet, président de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP), esquisse les premières pistes de la sécurité de cet événement phare.

Que savons-nous actuellement du dispositif de sécurité des JO 2024 de Paris ?

Claude Tarlet : Nous savons déjà que le dispositif reposera sur des méthodes et des technologies éprouvées : les JO de Paris ne seront pas un laboratoire de la sécurité. Nous savons également que les budgets seront contraints. Mais sur l’essentiel, la matrice des responsabilités, l’architecture des appels d’offres, beaucoup d’éléments restent à préciser.

Il me semble plus sage d’échafauder notre dispositif pour 2024 sans perdre de temps.

Nous comptions, par ailleurs, sur le retour d’expérience des JO de Tokyo cette année. Le report à 2021 nous oblige à changer notre approche. Il me semble plus sage d’échafauder notre dispositif pour 2024 sans perdre de temps.

Quels seront les principaux risques de cette édition selon vous ?

Claude Tarlet : Concernant la sécurité, la plupart des risques sont connus et bien maîtrisés. Incendie, effondrement, fuite de gaz sont des risques que les professionnels du secteur savent gérer. Mais on constate, avec la pandémie actuelle, que de nouveaux risques sanitaires peuvent apparaître – ou réapparaître. Il faut donc se tenir prêts à affronter toutes les natures de risques.

Sur le volet de la sûreté, le risque terroriste peut s’appuyer sur les nouvelles technologies, et notamment sur les drones. Dans ce domaine, nous devons redoubler d’efforts dans la lutte anti-drones. Mais la sûreté, c’est aussi la lutte contre la petite délinquance, notamment les pickpockets. Si l’on veut éviter que les Jeux voient se multiplier les actes de ce genre, il peut être utile de développer de nouvelles coopérations avec les forces de l’ordre, qui impliquent la sécurité privée, sur le volet technologique bien sûr, mais aussi sur le volet humain, pour améliorer la surveillance.

J’espère que ces Jeux marqueront un progrès dans l’approche conjointe des risques sécurité et sûreté.

Par ailleurs, je reste convaincu que sécurité et sûreté doivent être pensées ensemble. Et j’espère que ces jeux marqueront un progrès dans l’approche conjointe des risques en France. Par exemple, sur les sites recevant un large public, il faut prévoir les risques de panique, d’incendie, mais aussi d’attaque armée, d’attaque à l’explosif ou encore d’attaque chimique. La réponse n’est pas la même dans chaque cas, et elle doit s’appuyer sur des outils adaptés. Dans certains cas il faut évacuer, dans d’autres il faut confiner, et dans tous les cas il faut limiter les effets des mouvements de panique. Sûreté et sécurité ne peuvent plus être dissociées.

Enfin, un point me préoccupe plus particulièrement, c’est la cybersécurité et la souveraineté des systèmes de sécurité : contrôles d’accès, caméras, capteurs…, ainsi que la cybersécurité des solutions utilisées par les entreprises de sécurité. En 2024, tout sera connecté. Nous ne devons pas découvrir les vulnérabilités de ces systèmes à l’occasion des JO, mais les mettre véritablement à l’épreuve au préalable. Ce sera l’immense défi des acteurs de la sécurité électronique dans les mois à venir.

Si vous deviez décrire, selon vous, le meilleur dispositif pour encadrer les JO de Paris, quel serait-il ?

Claude Tarlet : Cela doit faire l’objet de discussions avec toutes les parties prenantes. Et la FFSP entend bien jouer son rôle pour que la France fasse la démonstration, face au monde, de sa capacité à accueillir de grands événements en toute sécurité, pour les athlètes, les délégations officielles et les visiteurs.

Concernant la sécurité privée, le modèle du prestataire unique est à mon avis à exclure : il a démontré sa fragilité à Londres en 2012. C’est aussi un modèle qui est destructeur de valeur pour le tissu des PME. En choisissant un seul acteur, on pénalise l’ensemble des autres PME qui ont les compétences et une capacité à mobiliser du personnel.

Des marchés segmentés, confiés à de vrais spécialistes, pris indépendamment ou sous forme de groupement, me paraissent plus vertueux. Il faut notamment impliquer les gestionnaires des différents sites d’accueil des épreuves (stades, etc.), qui ont déjà l’habitude de gérer la sécurité de leurs installations avec des prestataires fiables.

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