De Bombay à Vancouver en passant par Pékin, la crise du coronavirus transforme les secteurs de la sécurité privée autour du monde. Rendre notre monde + sûr décrypte les changements en cours chez nos voisins, aux quatre coins du globe. En France, la crise du coronavirus aura globalement fait très mal au secteur de la sécurité privée. Selon Claude Tarlet, président de la Fédération française de la sécurité privée (FFSP), les entreprises du secteur doivent faire face à une baisse impressionnante de leur chiffre d’affaires : entre 30 et 50 % sur l’année 2020, par rapport à 2019. Mais qu’en est-il dans le reste du monde ? En première ligne en Chine Dans de nombreux pays, la crise sanitaire a eu l’effet inverse, avec une réelle hausse d’activité pour les entreprises de la sécurité privée. En Chine, par exemple, les agents de sécurité privée ont été largement mobilisés – bien plus que d’ordinaire. Là-bas, les agents sont employés par de grandes sociétés immobilières, les wuye gongsi, pour protéger les résidences et les lotissements privés. Car, depuis plusieurs années, la Chine construit de grandes résidences privées à tour de bras. Des logements clés en main livrés avec plusieurs services, dont une protection avec un agent de sécurité privée pour l’ensemble de l’immeuble. Avec le confinement dans plusieurs villes chinoises, ces agents ont été largement mobilisés pour faire respecter les mesures des autorités : contrôle de la température à l’entrée des immeubles, filtrage des entrées et sorties, etc. Selon une étude de l’université d’économie et de droit de Zhongnan, l’Empire du Milieu compte ainsi plus de 5 millions d’agents de sécurité, et seulement 2 millions de policiers. Résultat : les agents ont été en première ligne, et les sociétés de sécurité privée ont dû recruter pour faire face aux nouvelles demandes, et seconder, dans certains cas, les forces de police. Des recrutements massifs en Amérique du Nord Même constat aux États-Unis, où certaines sociétés de sécurité privée sont mobilisées pour gérer les prisons américaines. En Caroline du Nord par exemple, l’État a débloqué 1,4 million de dollars pour recruter des agents de sécurité privée, afin de renforcer les équipes dans les prisons. Ces dernières étaient surchargées par les nouvelles procédures dues à la pandémie, comme le respect des gestes barrières et l’encadrement des sorties. 1,4 million de dollars pour recruter des agents de sécurité privée en Caroline du Nord Au Canada, c’est le sentiment d’insécurité lié à la crise qui a donné un coup d’accélérateur aux recrutements dans le secteur. Sur la seconde quinzaine de mars, la police de Vancouver dénombrait ainsi plus de 81 cambriolages de commerces, soit deux fois plus qu’en temps normal. Par conséquent, les sociétés de sécurité ont été fortement mises à contribution : “Nous recrutons très activement : notre équipe de recrutement n’a pas ralenti depuis des mois”, témoigne Julie Power, vice-présidente des opérations dans la région, pour la société de sécurité Commissionaires pour le site Global News. Notre équipe de recrutement n’a pas ralenti depuis des mois.Julie Power, vice-présidente des opérations dans la région, pour la société canadienne de sécurité Commissionaires Une accélération de l’innovation en Inde En Inde, de nombreux agents se sont retrouvés sur le carreau avec la crise du coronavirus. Sans protection sociale, beaucoup d’entre eux plongent même dans la misère, comme le rapporte une enquête du magazine allemand DW. Si la surveillance humaine est en chute libre dans un pays qui a encore reconfiné récemment plus de 125 millions de personnes, ce n’est pas le cas de toutes les branches de la sécurité privée. Aux quatre coins du sous-continent, la demande en matériel de sécurité électronique bondit : caméras thermiques, algorithme de détection des personnes non porteuses de masques via les caméras de vidéoprotection, etc. Résultat : seules les grandes sociétés privées, capables d’investir dans ces solutions high-tech, tirent leur épingle du jeu. Elles représentent déjà 40 % du marché, mais la crise renforce leur emprise. D’autant que les petites entreprises de sécurité privée indiennes avaient tendance à employer une main d’œuvre immigrée mal payée. Autant d’agents qui sont immédiatement retournés dans leur région d’origine avec le confinement. Gardiennage, prison, vidéoprotection… à chaque fois, c’est une branche très spécifique de la sécurité privée qui semble accroître son chiffre d’affaires, quand d’autres plongent. Une chose est sûre : partout dans le monde, les secteurs de la sécurité privée n’auront plus le même visage après la crise. Et en France ? Qu’aura changé la crise actuelle ? Découvrez les 5 conséquences de la crise du coronavirus sur le secteur français de la sécurité privée. Facebook Twitter LinkedIn
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