Sécurité événementielle, électronique, conseil… toutes les branches de la sécurité privée ont été chamboulées par la crise du coronavirus, ou Covid-19. Entre baisse d’activité et réorientation des besoins de certains clients, Rendre notre monde + sûr décrypte les conséquences de la crise sur le secteur.

1. La baisse d’activité généralisée

Comme bien des secteurs, la sécurité privée aura énormément souffert du confinement. Magasins fermés, musées à l’arrêt, rassemblements interdits… de nombreux agents se sont retrouvés sans activité. Selon Claude Tarlet, président de la Fédération Française de la Sécurité Privée (FFSP), les entreprises du secteur enregistrent une perte moyenne de chiffre d’affaires de 30 % à 50 % sur l’année 2020, par rapport à l’année précédente. 


30 % à 50 % de perte moyenne de chiffre d’affaires sur l’année 2020, par rapport à l’année précédente


D’autres branches de la sécurité privée ont elles aussi pâti de la situation, puisque même les activités de conseil – qui auraient pu continuer en télétravail – ont été ralenties. « Nos commanditaires, très rapidement et souvent de manière chaotique, ont cessé toute activité », témoigne Éric Chalumeau, président du Syndicat du conseil en sûreté, dans le magazine de la FFSP. Même son de cloche du côté de la sécurité électronique. D’après le Groupement professionnel des métiers de la sécurité électronique, le GPMSE, 85 % des sociétés du secteur ont eu recours au chômage partiel pour plus de 70 % de leurs effectifs.

Difficile, à ce stade, de savoir si certaines entreprises y laisseront des plumes. Toujours est-il que les professionnels se mobilisent. En mai, l’OPSE lançait ainsi un cri d’alarme auprès du gouvernement afin de soutenir la filière de la sécurité événementielle grâce, notamment, à des exonérations de charges.

2. Le rôle des agents évolue

Au-delà des risques pour la santé financière des entreprises du secteur, la crise aura bouleversé le quotidien même des agents sur le terrain. Ils ont, en effet, été en première ligne face à la pandémie, dans les grandes surfaces et les hôpitaux, notamment. D’autres ont été réaffectés à des missions de gardiennage pour protéger les entrepôts, les bureaux désertés avec le télétravail, etc. Mais ce sont surtout leurs missions qui ont dû se transformer.

Il ne faut pas relâcher les comportements.

Vérification du port du masque par les clients et clientes à l’entrée des magasins, prise de température dans certains lieux publics, rappel des gestes barrières au public… leurs missions quotidiennes ont dû s’adapter très rapidement. À tel point que des acteurs de la sécurité privée ont déjà mis au point des formations dédiées à la gestion des publics au temps du coronavirus. « Nous devons donner [aux agents] les meilleurs outils pour se défendre contre cette maladie, et même les maladies à venir. Le monde change, nous devons nous adapter à long terme, et il ne faut pas relâcher les comportements », commente Hugues Pelligrini, vice-président de l’Association des métiers de la sécurité, dans La Dépêche. L’agent du monde d’après sera donc une pièce maîtresse pour faire appliquer les gestes barrières et, ainsi, limiter la propagation du virus.

3. La nouvelle donne des caméras thermiques

Dès les premiers jours de la crise, une technologie a attiré tous les regards : les caméras thermiques. Fixes ou mobiles dans les mains des agents, elles peuvent mesurer la température corporelle de plusieurs personnes, et ainsi détecter les cas de fièvre, pour les isoler. Les hôpitaux et aéroports ont été les premiers à s’équiper d’un tel dispositif dans les débuts de l’épidémie. Très vite rejoints par d’autres entreprises. Si des doutes ont été émis sur la réelle efficacité de ces caméras, elle n’en reste pas moins un des éléments clés pour rassurer la population, et faire redémarrer une économie à genoux. 

>>> Lire aussi : Les caméras thermiques seront-elles une arme dans la lutte contre le coronavirus ?

4. Les besoins accrus en sécurité pour le secteur de la santé

Autre conséquence de la crise : le secteur de la santé voit ses besoins en sécurité exploser. Dans une récente enquête, Europol tirait la sonnette d’alarme : selon l’agence européenne, les organisations criminelles risquent de chercher à s’emparer de matériels médicaux dont les prix bondissent avec la crise. Une crainte partagée par les pharmacies. Au-delà des cambriolages, l’Ordre des pharmaciens dénonce également une hausse spectaculaire des agressions au sein des officines : + 50 à 60 %, selon l’organisation. Face à l’épidémie, les peurs et la violence augmentent en effet. Résultat : la demande en caméras de vidéoprotection et en agents de sécurité bondit.


+ 50 à 60 % de hausse des agressions au sein des pharmacies durant le confinement


5. Les inquiétudes pour l’avenir

Mais la crise pourrait avoir d’autres conséquences sur le long terme. La baisse d’activité entraîne des risques graves pour la pérennité de certaines entreprises du secteur. Certains craignent également que les formations soient au ralenti, puisqu’un plus faible nombre de stagiaires peuvent être accueillis pour respecter les distanciations sociales. Avec une conséquence inquiétante dans les années à venir, alors que la France s’apprête à accueillir la Coupe du monde de rugby en 2023, puis les Jeux olympiques l’année suivante. Le secteur pourra-t-il se relever pour recruter, former et déployer les milliers d’agents de sécurité nécessaires à l’organisation de ces événements ?

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