Un vent de nouveautés souffle sur la sécurité électronique. Grâce notamment à l’edge computing et aux capacités fulgurantes de l’intelligence artificielle, les technologies enrichissent sans cesse les champs d’applications. Tour d’horizon des solutions qui pourraient, demain, donner un tout autre visage à la sécurité électronique.

Les promesses séduisantes de l’edge computing

Il y a une vie en dehors du nuage ! C’est en tout cas ce que s’évertuent à démontrer les recherches récentes autour de l’edge computing. Cette technologie à base d’intelligence artificielle (IA) propose d’analyser « localement » les données recueillies, par exemple par des caméras, objets connectés et autres capteurs. Il n’est alors plus nécessaire qu’elles transitent dans le cloud et subissent des temps de latence trop importants. À la clé pour les acteurs de la sécurité : une rapidité d’interprétation inégalée, pour gagner un temps précieux de détection puis d’intervention.

Les chercheurs et chercheuses de l’opérateur Orange croient profondément aux vertus de l’edge computing. En particulier dans le domaine du bâtiment intelligent. Ils planchent en effet sur le prototype « AI Secured smart building » présenté en mars 2021 lors de la tenue (virtuelle) de leur salon de la recherche. Cette IA embarquée permettrait ainsi d’analyser plus rapidement et plus finement des images. Il deviendrait possible de détecter des objets, des postures de personnes dans un bâtiment, et aussi de procéder à la description sémantique d’un environnement en temps réel. Cette IA serait également capable de déceler des vibrations de portes laissant penser à une tentative d’intrusion. De quoi améliorer sensiblement la sécurité des lieux et des usagers.

La SNCF mise aussi sur l’edge computing

La SNCF investit également l’IA et l’edge computing pour améliorer davantage ses usages en matière de vidéoprotection et de rapidité de détection. Qu’il s’agisse de la sécurité des voyageurs et voyageuses, comme de celle des gares, des quais et des trains. 

La SNCF innove pour la sécurité de son réseau et de ses trains.

La SNCF explique que « le développement de solutions de vidéo intelligente pourra épauler les agents dans le traitement des vidéos ». Le groupe travaille ainsi à la création d’une plateforme vidéo unique faisant appel à ces nouvelles technologies. La SNCF a d’ailleurs déjà expérimenté « une solution de caméra indépendante, couplée à des algorithmes de traitement d’images » pour la détection de graffitis sur ses rames. Mais l’IA et l’edge computing pourraient à l’avenir être appliqués à bien d’autres usages, notamment pour la sûreté ferroviaire.  

Quand les drones prendront aussi leur autonomie

Et si les drones étaient capables d’agir sans intervention d’un humain ? C’est le principe de Sparrow, le drone développé par la start-up israélienne Percepto qui est l’un des plus avancés du marché. En ligne de mire : l’inspection des sites critiques, mines, terminaux gaziers et pétroliers, des ensembles industriels, des ports et plateformes portuaires, des sites nucléaires… Sparrow, gonflé à l’IA, doté d’une caméra haute définition (4K) et d’une caméra thermique, est capable de collecter et d’analyser un nombre impressionnant de données de jour comme de nuit, y compris dans des environnements hostiles. Ce drone fonctionne en toute autonomie sur des missions programmées ou déclenchées à la demande. Face à une situation, Sparrow est ainsi autonome pour prendre des décisions sans l’intervention d’un tiers. 

Le potentiel des algorithmes pour la détection incendie 

Il paraîtra peut-être bientôt lointain le temps où les prémices d’un incendie étaient décelées uniquement grâce aux détecteurs de fumée. L’IA révolutionne également ce secteur, et représente un outil complémentaire de protection.

Des entreprises planchent effectivement sur des systèmes de détection de fumées ou de flammes par analyse d’image. La vidéodétection vise ainsi à l’analyse très rapide, par des algorithmes, des phénomènes susceptibles de conduire à un incendie. Une innovation particulièrement intéressante pour les grands volumes (comme les entrepôts et hangars) et les immeubles de grande hauteur.

L’entreprise DEF est l’une des premières à avoir obtenu, début 2020, une certification par le Centre national de protection et de prévention (CNPP), qui fait référence en la matière, pour son système de détection par image « DEF Fireye ».  

La sécurité événementielle, laboratoire de l’innovation

La détection précoce des risques et menaces est évidemment au cœur des travaux qui façonnent le visage de la sécurité électronique de demain. La sécurisation des grands événements fait donc logiquement partie des préoccupations des équipes de recherche, start-ups et autres industriels. La préparation aux Jeux olympiques de Paris 2024 fédère des initiatives. 

Plusieurs projets développés en prévision de l’événement font appel à l’intelligence artificielle pour analyser les flux vidéo à grand renfort d’algorithmes surentraînés. Par exemple, le projet GIRAFE faciliterait la supervision de publics regroupés à partir de l’analyse en temps réel de flux vidéo couvrant des zones publiques. Le projet MAASTeR permettrait, lui, de prédire l’évolution d’un événement (comme un mouvement de foule) à partir de sources multiples (captations vidéo, objets connectés…). Des expérimentations qui – si elles venaient à faire leurs preuves durant les JO – pourraient se développer dans d’autres champs.

Les caméras intelligentes iront toujours plus loin, plus vite

Mais déjà, de nombreuses entreprises innovantes croient aux pouvoirs de l’IA pour améliorer sans cesse les performances de la vidéoprotection. Par exemple, pour le futur CDG Express (reliant l’aéroport de Roissy à la gare de l’Est à Paris à l’horizon 2025), la start-up Cibest développe un algorithme intégré aux caméras de vidéosurveillance pour détecter les objets abandonnés. Tandis qu’un module d’intelligence artificielle complémentaire disposera d’un calculateur spécifique pour réaliser de la détection comportementale.

Et demain, l’opérateur bionique ? 

Le prototype présenté au printemps 2020 a fait grand bruit, et donné lieu à une publication dans la revue scientifique de référence Nature. Des chercheurs des universités de Hong Kong et Berkley ont mis au point un œil bionique. Doté de capacités bien supérieures à l’œil humain, il pourrait tout à la fois redonner la vue à des déficients visuels et la donner à des… robots. Le Gicat (Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres) y voit des applications possibles dans le domaine de la sécurité. De quoi imaginer des opérateurs et opératrices de sécurité aux capacités visuelles surdéveloppées. 

Pur scénario d’anticipation ? L’avenir de la sécurité électronique le dira !

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