Pour faire face à la désaffection pour le secteur, et afin d’anticiper des événements sportifs mondiaux organisés sur le sol français, les initiatives se multiplient pour rendre toute son attractivité à la sécurité privée auprès des potentielles recrues. Revue de détail.

Des pertes d’activités qui pèsent sur l’attractivité

C’est peu dire que le secteur de la sécurité privée et ses 12 000 entreprises traversent, depuis deux ans, une zone de turbulences dont ils ont du mal à s’extraire. L’aérien et l’événementiel ont été, par exemple, particulièrement impactés par la crise sanitaire. Et selon les dernières données de l’Insee, le chiffre d’affaires global de la filière s’en ressent : baisse de 3,1 % en 2020 par rapport à 2019. Au premier semestre de 2021, l’activité demeure en baisse par rapport à 2019 de – 4,9 %. 

Des incertitudes et fluctuations suffisantes pour détourner des effectifs et décourager des recrues. Le dernier rapport du GES (Groupement des entreprises de sécurité) publié en juin 2021 fait, lui, état d’une baisse de 3 % des effectifs entre le 1er et le 3e trimestre 2020. 

Le CNAPS (le Conseil national des activités privées de sécurité) a, de son côté, enregistré une baisse importante des demandes (entrée en formation, renouvellement d’agrément, etc.) en 2020 : – 16,5 % par rapport à l’année précédente. Un recul significatif, qui peut en dire long sur les défections.

Un rapport d’information parlementaire de mai 2021 pointe également l’impact de la crise sanitaire sur le secteur. Il précise ainsi que « les échanges conduits par la mission font apparaître un impact négatif certain à l’échelle de l’ensemble de la filière ». 

Avant d’ajouter que « des éléments récents communiqués à la mission indiquent que 70 % des entreprises déclarent avoir connu une baisse de chiffre d’affaires en 2020, et 50 % déclarent que cette perte a dépassé 15 %. Près des deux tiers des entreprises estiment, en outre, que leur chiffre d’affaires 2021 restera inférieur à son niveau de 2019 ». 

En outre, les 14 rapporteurs estimaient nécessaire de renforcer l’information des élèves et étudiants sur les métiers de la sécurité, « qui restent trop méconnus », et de faciliter le recours à l’apprentissage. Mais déjà, des initiatives voient le jour pour former les professionnelles et professionnels de demain et faciliter les recrutements futurs.

Des cursus inédits ouverts récemment 

C’était une demande de longue date des acteurs de la filière : booster la formation des personnels encadrants. Chose faite depuis la rentrée 2020 avec le lancement du BTS « Management opérationnel de la sécurité » (MOS) sous l’égide de l’Éducation nationale. Objectif : former aux emplois d’encadrement d’agents de sécurité dans une entreprise de sécurité/sûreté ; ou dans le service interne de sécurité d’une entreprise privée, d’une administration publique ou d’une association. La montée en puissance du BTS est déjà manifeste puisqu’à la rentrée 2021, il est désormais proposé dans 38 établissements, partout en France. Pas moins de 550 étudiantes et étudiants y sont inscrits ! 

Autre nouveauté notable : la création du Campus des métiers et des qualifications sécurité. Basé à Argenteuil (et sous la houlette de l’université de Cergy), il a ouvert ses portes à ses premiers étudiants et étudiantes en septembre 2021. Trois formations offrent un niveau bac +1 professionnalisant, sur une durée d’un an : « Management de proximité », « Vidéoprotection » et « Réseau et Cybersécurité ». Le Campus affiche déjà l’ambition de proposer prochainement des cursus allant jusqu’à la licence professionnelle.

Pour Jérôme Morges, directeur opérationnel du Campus, ces enseignements répondent « à un besoin métier que les entreprises ont elles-mêmes identifié. C’est en partant de leurs exigences que sont nés les programmes de formation ». Du sur mesure pour le secteur.

Les grands événements sportifs en ligne de mire

Mais le temps presse, pour une filière en mal de recrues qui a urgemment besoin de main-d’œuvre. En ligne de mire : la Coupe du monde de rugby organisée en France en 2023 et les Jeux olympiques de Paris de 2024. 

D’après les estimations des pouvoirs publics, les JO conduiront au déploiement de près de 25 000 agents de sécurité privée et jusqu’à 10 000 fonctionnaires de police. Avec un focus particulier sur une séquence qui crispe déjà organisateurs et forces de l’ordre : la cérémonie d’ouverture grandiose sur la Seine avec un défilé de plus de 10 500 athlètes, de 160 bateaux sur le fleuve, et la présence d’un public de 600 000 spectateurs et spectatrices. 

Les Jeux olympiques de Paris 2024 conduiront au déploiement de près de 25 000 agents de sécurité privée et jusqu’à 10 000 fonctionnaires de police

Le 15 novembre 2021, à l’issue d’un comité interministériel consacré aux JO de Paris, le Premier ministre, Jean Castex, indiquait ainsi avoir « adopté un certain nombre de dispositions pour faciliter ou encourager le recours aux sociétés de sécurité privée ». Tout en reconnaissant que « nous manquons d’agents » pour ces missions. Le chef du gouvernement a également indiqué qu’un certificat de qualification professionnelle spécifique aux Jeux verrait le jour pour recruter des agents de sécurité venus du privé. À ce jour, les contours de ce certificat ne sont pas précisés. 

Les policiers à la retraite, nouveau vivier de main-d’œuvre

En attendant, une nouvelle disposition introduite par la loi Sécurité globale promulguée le 25 mai 2021 devrait également changer la donne. Avant cette date, les policières et policiers à la retraite ne pouvaient pas cumuler leur pension avec un revenu issu de la sécurité privée. Mais depuis la loi, ils y sont autorisés. 

Lors des débats à l’Assemblée nationale, le 19 novembre 2020, Jean-Michel Fauvergue, l’un des députés artisans de la proposition de loi, avait alors pointé le besoin impérieux de main-d’œuvre justifiant cette disposition, en particulier dans le cadre des JO.

Une mesure supplémentaire dans l’arsenal imaginé pour améliorer les recrutements dans la sécurité privée. 

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