Le métier d’agent de sécurité n’a pas toujours bonne presse. Une image qu’il est temps de changer car la fonction requiert de nombreuses compétences et incarne souvent le point de départ d’une véritable évolution de carrière.

« Pour être agent de sécurité, il n’est pas nécessaire d’avoir de qualification particulière en amont si ce n’est de savoir lire, écrire, compter, comprendre et parler le français ». Cette phrase apparaît régulièrement sur les sites proposant des formations d’agent de prévention et de sécurité. C’est également l’idée véhiculée par de nombreux organismes comme Pôle Emploi lorsqu’ils orientent des personnes en recherche d’activité vers les métiers de la sécurité privée. Résultat, l’image de la profession est plutôt négative. Or, la réalité est toute autre.

Être agent de sécurité privée, c’est avant tout endosser un rôle essentiel dans le dispositif de sécurité de la nation. C’est un métier complexe, risqué, protéiforme, nécessitant des grandes qualités pour l’exercer. C’est aussi une fonction qui s’inscrit dans une logique de filière professionnelle à part entière, offrant de réelles perspectives d’évolution de carrière et d’enrichissement personnel. Qui sont ces femmes et ces hommes qui veillent au quotidien à notre sécurité et dont nous ignorons souvent les compétences ?

Deux qualités indispensables : l’honorabilité et la compétence

Si vous croisez un agent en exercice, vous pouvez être assuré qu’il est doté de deux grandes qualités : l’honorabilité et la compétence.

En effet, avant de postuler à une formation qualifiante en matière de sécurité, chaque candidat doit faire une demande d’autorisation préalable auprès du Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS).  L’organisme se charge d’effectuer une enquête et donne son autorisation seulement si le candidat répond à toutes les exigences d’honorabilité : casier judiciaire vierge, fichiers TAJ et Cassiopée. À l’issue de sa formation, l’agent reçoit une carte professionnelle. Sous réserve qu’il actualise ses compétences tous les 5 ans (M.A.C), celle-ci est garante de son intégrité tout au long de sa carrière. Toute perte d’honorabilité (mention TAJ, même classée sans suite ou rappel à la loi) entraîne la suspension provisoire ou définitive de cette carte et donc l’impossibilité de travailler dans la filière de la sécurité privée.

Agent de sécurité privée, un métier qualifié et prometteur – RNMPS
Crédit photo : © GORON

L’agent de sécurité exerce aussi un métier de compétence. Celle-ci s’acquiert d’abord par la réussite à une formation qualifiante spécialisée, appelée le Certificat de Qualification Professionnelle Agent de Prévention et de Sécurité (CQP-APS). Elle est obligatoire et comporte 140 heures de cours en tronc commun et 35 heures de spécialisation. En tout, 175 heures de formation qui comprennent divers modules juridiques et techniques. L’ensemble est sanctionné par des épreuves validant l’acquisition des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être indispensables à l’exercice de la profession. L’agent est ensuite soumis à des “recyclages” tous les 5 ans (conformément au livre VI du code de la sécurité intérieure), c’est à dire des heures de formation continue. Elles sont obligatoires pour continuer à exercer l’activité. Elles permettent aux agents de se maintenir à niveau et de s’adapter aux nouvelles exigences du métier. À titre d’exemple, depuis 2017, 13 heures ont été ajoutées à la formation initiale et continue pour préparer les agents de sécurité à la prévention des risques terroristes.

Compte-tenu de la diversité des postes et des fonctions qu’il est appelé à occuper, l’agent développe par ailleurs de nombreuses compétences au fur et à mesure qu’il évolue dans sa carrière. Notamment des compétences de communication car l’agent est souvent la première personne qui accueille le public sur un lieu ou un établissement recevant du public. Si l’audience est internationale, il est d’ailleurs amené à développer des compétences linguistiques et de gestion des diversités culturelles.

Surtout, l’agent acquiert une vision globale des risques et des menaces qui pèsent sur le lieu qu’il sécurise. Il peut ainsi être force de proposition pour faire évoluer le dispositif global de sécurité de son employeur ou de son client et collaborer avec la police nationale, dans certaines situations.

Une filière métier à part entière

Autre point notable que l’opinion publique a rarement en tête : l’ascenseur social existe réellement dans les métiers de la sécurité privée. Du moins pour ceux qui entretiennent la culture de l’excellence et de l’auto-développement.

L’ascenseur social existe réellement dans les métiers de la sécurité privée.

En effet, à tout moment, un agent peut prendre en main son évolution professionnelle en se saisissant des offres de formations continues professionnalisantes et diplômantes. Après le CQP APS, s’ouvrent ainsi les perspectives des formations SSIAP (Service de sécurité et d’assistance à personnes) 1, 2 et 3.

  • Le SSIAP 1 correspond à la formation d’agent de sécurité incendie.
  • Le SSIAP 2 permet d’accéder à un poste de manager ou de chef de site.
  • Le SSIAP 3 débouche quant à lui sur des fonctions de chef de service.

Autre perspective pour un agent titulaire d’un CQP APS, obtenir le titre de Chef de Poste, en apprentissage par exemple (niveau Bac), puis poursuivre par l’obtention  d’un titre de Chef d’équipe (niveau III équivalent BTS) et ensuite se former au titre manager opérationnel d’un centre de profit spécialisé en sûreté (niveau II équivalent Bac + 3 / 4). Les employeurs sont souvent encourageants, et ils acceptent que les agents suivent ces formations en parallèle de leur activité.

Agent de sécurité privée, un métier qualifié et prometteur – RNMPS
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Par ailleurs, grâce aux dispositifs de Validation des Acquis Professionnels (VAP85) ou de Validation des acquis de l’expérience (VAE), après un délai de trois à cinq ans, l’agent peut candidater à une licence professionnelle, puis continuer s’il le souhaite vers les Master I et II. Avec une solide expérience sur le terrain, doublée d’un cursus professionnel diplômant, il peut alors aspirer à occuper des fonctions de responsable, voire de directeur de sécurité ou de sûreté.

Pour bon nombre de professionnels de la sécurité privée, la formation au CQP-APS est donc véritablement la première étape d’une belle évolution de carrière. Pour illustrer cette perspective, nous vous invitons à découvrir le parcours d’Audrey qui a gravi tous les échelons de la sécurité privée – de SSIAP 1 à assistante d’exploitation dans une Agence de Sécurité Privée  – en seulement 5 ans.

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